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Fossiles et vrais enjeux

C’est un pays qui décapite au sabre les opposants, qui condamne à 1  000 coups de fouet un blogueur «irrévérencieux», qui laisse des étudiantes cramer dans un incendie parce que les ambulanciers attendaient qu’elles se couvrent d’un niqab, qui a soutenu l’État islamique… Bref, que l’Arabie saoudite, symbole de la pourriture au royaume de l’or noir, perde un peu de sa superbe, n’est pas si déplaisant.

Car elle est loin l’époque des seventies, quand le Moyen-Orient dictait les règles de la production pétrolière mondiale. Désormais, les États membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ne représentent plus qu’un tiers de la production mondiale (l’Arabie saoudite, 13  %). Il faut donc partager avec la Russie, mais aussi les États-Unis et le Canada qui ont inondé le marché avec leur pétrole de schistes bitumineux.

Résultat, depuis des mois, le prix du baril de brut connaît une baisse historique.

Dans ce contexte, la décision des membres de l’OPEP, mercredi, de réduire leur production pour faire remonter les prix, donc leur influence, suscite moult spéculations  : le cartel a-t-il encore les moyens de peser sur le marché et de faire remonter le prix des carburants jusqu’aux sommets de 2008?

Pourtant, plutôt que de s’inquiéter d’une hausse des prix, certains l’appellent de leurs vœux. Non pas des masochistes qui aiment payer le prix fort à la pompe, ni des adorateurs de Riyad, mais des politiciens et citoyens qui veulent s’affranchir des énergies fossiles. Car l’or noir «bon marché» freine le développement durable, les énergies vertes, l’efficacité énergétique, la lutte contre la pollution, bref, le progrès.

Même le Luxembourg, qui chérit ses stations-services, vient de l’admettre au travers d’une étude sur la vente de carburant. Les chiffres parlent d’eux-mêmes  : si les bénéfices associés à la vente des carburants sont importants pour le Grand-Duché (2,1 milliards d’euros par an), les «effets négatifs globaux» (sanitaires et environnementaux) coûtent 3,5  milliards. Bref, l’éternel combat entre le court et le long-termisme. Le Grand-Duché saura-t-il voir plus loin grâce à ces arguments sonnants et trébuchants?

Romain Van Dyck

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