Le Conseil d’État vient d’infliger un retentissant camouflet au gouvernement. La semaine dernière, les Sages ont fait part au Premier ministre, Xavier Bettel, de leur refus d’aviser le projet de loi informel sur l’introduction d’une très hypothétique obligation vaccinale. Le texte, annoncé pour le mois de mars, mais finalisé qu’en juillet, ne tient plus qu’à un fil. Le blocage de la Haute Corporation va en effet encore retarder une procédure législative qui ne sera jamais achevée dans les temps pour contrer, en automne ou hiver, un éventuel nouveau variant virulent du covid.
En janvier, le chef du gouvernement avait qualifié, devant la Chambre, l’introduction d’une obligation vaccinale comme «incontournable». Six mois et un avis scientifique plus tard, le Premier ministre libéral, avec ses partenaires de coalition socialistes et verts, a fait marche arrière. Uniquement dans le pire des scénarios, rendre obligatoire la vaccination contre le covid serait justifiable. Parallèlement, Xavier Bettel a fait remarquer que même une obligation ne permettrait pas d’obtenir une couverture de 100 %. Le taux stagne d’ailleurs depuis de très longues semaines aux alentours des 78 % de la population éligible.
L’opposition parlementaire n’a pas manqué l’occasion de fustiger une nouvelle fois la politique «covid» mise en place par le gouvernement. Sont surtout à citer les «petits» partis ADR, déi Lénk et pirate. Le CSV, par contre, reste très ambigu dans son positionnement. À la mi-juillet, le président du principal parti d’opposition avait encore cautionné le choix de la coalition de déposer de manière informelle un projet de loi sur l’obligation vaccinale. Après le veto du Conseil d’État, Claude Wiseler est pourtant venu clamer haut et fort qu’un dépôt formel aurait été la solution privilégiée par le CSV, alors que le camp chrétien-social s’était joint à la majorité pour rejeter le vaccin obligatoire.
Une autre question se pose toutefois. En dépit de la séparation des pouvoirs, on a vu, en termes de politique sanitaire, le gouvernement consulter le Conseil d’État en amont du dépôt de lois covid. Pourquoi ne pas l’avoir fait dans le cadre de cette procédure tout à fait inhabituelle? En tout état de cause, le fiasco vaccinal est total.