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Faible lueur d’espoir

Le monde dans lequel nous vivons est plus que jamais paradoxal. Alors que d’un côté, une guerre fait rage depuis près d’un an en Ukraine, l’ensemble de la communauté internationale, y compris l’agresseur russe, a exprimé, hier, son entière solidarité avec la Turquie et la Syrie, frappées par un grave séisme ayant fait plusieurs milliers de morts.

Alors que leurs relations sont au point mort, les présidents des États-Unis, de la Chine et de la Russie, se sont retrouvés côte à côte pour exprimer leur soutien aux deux pays sinistrés. La Grèce, malgré ses relations tendues avec la Turquie, a annoncé vouloir mettre à disposition toutes ses forces pour venir en aide à son voisin.

Même Israël, qui n’entretient pas de relations diplomatiques avec Damas, aurait satisfait une demande d’aide de son voisin syrien. Sans oublier que l’Ukraine, ensevelie sous les bombes russes, a proposé d’envoyer un important groupe de secouristes…

Comment interpréter cet élan de solidarité entre des ennemis jurés? Ou autrement formulé : pourquoi une «simple» catastrophe naturelle suscite une réaction aussi unanime, sans tenir compte des conflits et divergences de vues qu’opposent les différents pays et blocs? Faut-il conclure que l’humanité ne s’est pas entièrement perdue dans la sanglante guerre en Syrie, presque oubliée aujourd’hui, suivie de celle en Ukraine, déclenchée par la Russie de Vladimir Poutine?

En réalité, ce n’est qu’une très faible lueur d’espoir qui s’est dégagée les heures ayant suivi le tremblement de terre meurtrier qui a ravagé le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie. Très rapidement, les regards vont à nouveau se détourner des drames vécus des deux côtés de la frontière.

Au moins, le séisme vient rappeler la tragédie humanitaire qui continue à se jouer en terre syrienne, rasée bien avant l’Ukraine par des missiles et bombes de l’armée russe. «Je n’ai rien senti de pareil pendant toutes ces années de guerre, la situation est beaucoup plus dure que les bombes», est pourtant venu témoigner, hier, un père de famille syrien vivant à Alep.

Séisme ou guerre : les images de destruction sont les mêmes. La désolation aussi. Tout cela laisse songeur…