Des marcheurs pour le climat, il n’est resté que des milliers de godasses. Déposées place de la République, dimanche à Paris, ces chaussures ont envoyé un salutaire pied de nez à l’état d’urgence : alors que les manifestations sont désormais interdites à Paris, la société civile reste déterminée à faire pression sur les négociateurs de la COP21.
Quel gâchis, malgré tout. La COP démarre de la pire manière qui soit, avec une annulation de toutes les manifestations publiques. Certains trouveront cela secondaire, justifié même, étant donné le contexte terroriste. Mais quand l’appareil sécuritaire sert à bloquer l’expression populaire, cela n’est jamais de bon augure. Les marcheurs pour le climat ne militent pas pour le plaisir de braver l’état d’urgence. Ils militent parce que sans une mobilisation populaire pour pousser les chefs d’États à dépasser leurs intérêts à court terme, les négociations seront un échec. Elles sont déjà mal engagées, entre les grandes puissances comme les États-Unis, qui ne veulent pas d’accord contraignant, et des pays en développement, qui craignent de limiter leur croissance. Sans le soutien de la population, elles n’aboutiront à rien.
Hélas, de nombreux militants ont été assignés à résidence, obligés de pointer trois fois par jour à la gendarmerie, alors qu’ils devraient passer leur journée à rendre audible et compréhensible des négociations qui donneraient la migraine au plus aguerri des technocrates.
Et le Luxembourg? Si l’expression populaire reste plus libre que chez notre voisin, force est de constater que l’individu lambda n’a toujours pas pris la mesure de l’urgence climatique : les énergies renouvelables restent ridiculement faibles (4,3 % de la consommation d’énergie), le diesel carbure, le gaspillage alimentaire pèse lourd (115 kg par an et par habitant)… S’il est vrai qu’un virage politique positif a été pris ces dernières années et qu’un niveau de vie si élevé ne pousse pas à la sobriété, il y a urgence de prôner un mode de vie plus durable. Car comme le rappellent des experts, avec une hausse du mercure de 3 à 4 °C (au minimum) attendue d’ici 2100, le Grand-Duché n’a pas intérêt à traîner des pieds…
Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)