Un confrère a récemment fait remarquer que le grand oral annuel du Premier ministre est censé dresser l’état de la Nation et n’est donc pas forcément destiné à une ribambelle d’annonces. La boussole de tout gouvernement est son programme de coalition. Xavier Bettel l’a d’ailleurs confirmé, mardi, lors de sa septième déclaration sur la situation économique, sociale et financière du pays, intitulée «Renforcer le Luxembourg, saisir les occasions et créer des perspectives»
En cette période de crise sanitaire sans précédent, il était nécessaire de quitter les sentiers battus. La gestion des conséquences de la pandémie, qui se décline désormais en une crise économique et une crise sociale, constitue un défi énorme. Xavier Bettel était attendu au tournant et il a fini par rendre une copie en demi-teinte. Son discours était bien plus étoffé que lors des exercices précédents. Mais en fin de compte, le Premier ministre s’est trop perdu dans la rétrospective de la gestion de la crise sanitaire. Malgré la recrudescence récente des infections, son exposé sur la bataille livrée contre le virus a pris trop de place.
De ce fait, le chef du gouvernement s’est contenté de lister une série de mesures à court terme. La principale annonce concerne la prolongation au-delà du 31 décembre des mesures d’aides aux entreprises les plus frappées par la crise. L’attaque contre les échappatoires fiscales (FIS et stock-options) était prévue de longue date. La lutte contre la spéculation foncière est tout au plus amorcée. Par contre, le gouvernement pose un signal en confirmant l’introduction d’une taxe carbone en 2021, premier incitatif financier sur le long chemin vers une société plus durable.
Le Premier ministre, et avec lui sa majorité tricolore, a hésité à trop s’avancer. Au vu des incertitudes qui planent encore sur le plan sanitaire, cette attitude peut se comprendre. Il serait toutefois irresponsable de s’arrêter en plein chemin. L’urgence est loin d’être levée.
David Marques