Pontifex. Cela sonne comme un nom d’éponge super-décapante, mais la seule chose que « @Pontifex » absorbe, ce sont les abonnés : près de 17 millions de personnes suivent aujourd’hui le pape François sur son compte Twitter.
Ces « twittos » n’étaient que 10 millions un an auparavant… quand Benoît XVI, lui, plafonnait en fin de règne à 1,5 million.
Assurément, le nouveau pape mérite son titre de souverain pontife (qui vient du latin pontifex, « celui qui fait le pont »). Jamais en effet un pape n’avait réussi à rallier à lui, et aussi vite, autant d’adorateurs, qu’ils soient fidèles, athées ou issus d’autres confessions. Être élu homme de l’année 2013 par le Time est déjà un bel exploit, mais faire la une de magazines culturels comme Rolling Stones, ou The Advocate qui milite pour la cause homosexuelle, en est une autre !
En ce sens, il a réussi un vrai miracle : rendre l’Église sympathique. Car elle revient de loin, très loin, cette Église pavée de mauvaises inquisitions, croulant sous l’or et les richesses matérielles, frayant avec les mafias, déconnectée des réalités sociétales… Mais ces records de popularité ne sont pas seulement dus à un emballement médiatique. Car Pontifex dit, mais surtout il agit. Et en effet ça décape !
En septembre dernier, il a notamment été le premier pape à faire arrêter un haut hiérarque, le Polonais Jozef Wesolowski, pour pédophilie. Depuis, l’enquête patine, « faute de preuves », mais c’est déjà un signal très fort visant cette « lèpre présente dans l’Église ».
Cet homme issu de la Compagnie de Jésus, un ordre réputé proche des pauvres, s’est aussi attaqué au « fétichisme de l’argent ». Le jésuite a commencé à faire le ménage dans les circuits de financement opaques du Vatican. Des audits externes ont été commandés et des têtes épiscopales ont même sauté.
L’année 2015 devrait se poursuivre sous le signe de la transgression : le pape entend s’attaquer au conservatisme du haut clergé du Vatican. Ambitieux !
Mais cette « papamania » a ses limites. Le pape clame toujours son « horreur » de l’avortement et de l’euthanasie, s’oppose au port du préservatif et refuse l’ordination des femmes. Anticonformiste, oui. Progressiste ? Il reste du chemin à faire…
De notre journaliste Romain Van Dyck