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Parité… masculine

Si l’on ne retient que les scores faramineux du FN aux dernières élections départementales en France, on en oublierait presque la mise en place d’une parité parfaite avec l’élection de binômes pour chaque liste.

Un homme et une femme. Même si ces dernières se sont comme par magie évanouies dans la nature dès qu’il a fallu élire les présidents de département. Pratique, la langue française choisit par défaut le genre masculin, et c’est exactement ce qui s’est passé avec cette élection. Sur les 106 départements qui renouvelaient leur tête hier, seules huit femmes ont été retenues. Alors, même les plus réfractaires aux mathématiques n’auront pas eu grand peine à remarquer qu’une grande majorité de femmes élues est passée à la trappe.

Bien sûr, il y a toujours ceux qui vont se féliciter de ce nouveau mode de scrutin et d’en appeler au « temps » qui va finir par laisser la place aux femmes. Mouais. Ce n’est pas comme si les femmes avaient en théorie l’accès aux hautes sphères depuis quelques dizaines d’années.

Ce qui est le plus surprenant, c’est qu’en 2015, personne ne s’étonne que la moitié de la population ne représente qu’une infime minorité au sein des institutions. Comme s’il était encore ancré que les femmes devaient s’en tenir aux postes subalternes et que dès qu’il s’agit de questions sérieuses, il fallait laisser la personne avec deux chromosomes X aux commandes.

Mesdames, ne soyez pas si timides, vous avez été élues au même titre que l’autre moitié de votre tandem. Il faudra encore au moins une génération pour qu’une femme avec un poste à responsabilité soit quelque chose de parfaitement naturel. Sans cela, les jeunes filles auront toujours du mal à se projeter et n’auront peut-être pas toute la force et l’ambition pour faire autant que leurs homologues masculins, évoluant tout naturellement dans un monde jusque-là masculin. L’évolution des mentalités est encore trop lente, mais il va falloir faire avec.

Bon courage aux huit cheffes de département qui vont peut-être se sentir bien seules.

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)

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