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Editorial – Les millions d’Arthur

Entre LuxLeaks et SwissLeaks, les secrets des riches de ce monde ne cessent de s’étioler. Et les fuites viennent de toutes parts.

Mais le bateau ne coule pas, pour l’instant. La radio française BFM Business s’est penchée sur le cas du présentateur Arthur, producteur et animateur millionnaire de la chaîne TF1. L’enfant de la télé n’aime pas payer ses impôts, ou, en tout cas, en payer trop. Il réside ainsi officiellement en Belgique, moins par amour du plat pays que pour échapper à l’intense pression fiscale de la France. C’est son droit le plus strict et il n’est pas le premier à trouver l’air plus respirable outre-Quiévrain.

Il a choisi, aussi, le 27 avril 2012, très exactement entre les deux tours de l’élection présidentielle française, de transférer au Luxembourg les actions de la société Coyote qu’il détenait. Cette société fabrique des avertisseurs sonores pour alerter de la présence de radars automobiles. À l’époque, Arthur s’inquiétait davantage d’une défaite de son favori, Nicolas Sarkozy, et de l’arrivée du socialiste François Hollande au pouvoir, que de l’avenir des radars automatiques.

Ce qui dérange, c’est qu’Arthur a décidé de revendre ses parts dans la société Coyote. Il y avait investi quatre millions d’euros, cela lui en rapporte douze. Arthur est un homme d’affaires avisé, c’est indéniable, d’autant que la plus-value, qui aurait dû être taxée à hauteur de 4 % par la France, ne le sera pas du tout par le Luxembourg. Tout ceci est parfaitement légal, et autrement plus avisé que les cachotteries suisses des clients de la HSBC. Arthur a gagné, et il n’a de comptes à rendre à personne, pas même à ses détracteurs.

La seule question que pourraient se poser ses spectateurs, ou ses fans, c’est l’intérêt qu’ils ont à rire devant ses blagues et ses émissions, de lui porter une affection particulière, alors que lui n’a absolument pas l’intention de contribuer à leur vie, tout simplement en payant ses impôts dans le pays où il est né et où il gagne sa vie. Mais c’est le lot de beaucoup de ses semblables : prendre et ne jamais redistribuer.

De notre rédacteur en chef adjoint Christophe Chohin


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