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La jungle des coaches sportifs


Le président de l’Association luxembourgeoise des entraîneurs, dénonce les vides juridiques dans la règlementation coachs sportifs et personal trainers (ALECSPT),Thomas Nielsen, de l’encadrement sportif.

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Thomas Nielsen veut en finir avec la jungle des pseudo-entraîneurs sportifs qui n’ont aucune légitimité. (Photos : AP/Jean-Claude Ernst)

Les professions d’entraîneur, de coach sportif ou de personal trainer sont totalement discréditées en raison des lacunes qui affectent leur encadrement juridique. Le président de l’ASBL ALECSPT, Thomas Nielsen, tape du poing sur la table. « J’ai créé cette association en 2012 pour associer entraîneurs et coaches sportifs détenteurs d’un diplôme universitaire en éducation physique de type bac +4 ou bac +5 », explique-t-il. À son instigation et le bouche à oreille opérant, de nouveaux membres sont progressivement venus gonfler les rangs de l’association qui compte aujourd’hui une petite vingtaine de personnes. « Tous des diplômés universitaires », assure son président.

> « Ils s’improvisent entraîneurs »

Des membres qui ont suivi un cursus en Allemagne, en Belgique (Louvain-la-Neuve, université libre de Bruxelles) ou, comme lui-même, en France (université Henri-Poincaré-Nancy-I).

Au Luxembourg, il n’existe aucun statut officiel de coach sportif. Le seul statut reconnu est celui de professeur d’éducation physique et sportive dans le secondaire. Pour y accéder, il faut être possesseur d’un master universitaire et réussir en outre un examen-concours plutôt sélectif. Les détenteurs du seul diplôme universitaire qui décident de se mettre à leur compte n’ont donc aucun statut malgré leurs compétences. Enfin, une troisième catégorie d’acteurs sans qualifications véritables profite de l’absence de statut officiel dans le domaine du coaching pour se livrer à une concurrence qualifiée de «déloyale» par Thomas Nielsen. N’importe qui peut en effet s’autoproclamer entraîneur ou coach sportif, du jour au lendemain.

Les exemples appuyant ses propos sont déconcertants : « Cela peut aller d’un banquier ou d’un boucher-charcutier qui souhaite se reconvertir à un chômeur qui souhaite arrondir ses fins de mois en plus de toucher les allocations de l’Adem. » Du travail au noir en somme, mais pas uniquement. De nombreux pseudo-entraîneurs ou pseudo-préparateurs physiques offrent en effet leurs services dans des salles de fitness ayant pignon sur rue au Grand-Duché. En tant qu’indépendants ou employés des salles en question. « Ils s’improvisent entraîneurs, avec tous les risques que cela comporte ! », fustige Thomas Nielsen. Inadaptation des programmes, faux mouvements et autres blessures chroniques seraient courants dans ces salles, selon le président de l’ALECSPT.

> « Publicité mensongère » des clubs de fitness

Sur quelle légitimité ces entraîneurs s’assoient-ils et comment sont-ils recrutés ? « Il existe deux à trois grosses entreprises au niveau du Benelux et de la France qui se partagent le marché. Ces boîtes délivrent des diplômes qui n’en sont pas », s’emporte Thomas Nielsen.

Ils ne bénéficient donc d’aucune reconnaissance ministérielle. Concrètement, ces leaders du marché de la « formation à l’instruction sportive » proposent des apprentissages accélérés dans des domaines tels que le body pump ou le body contact. En clair, ces entraîneurs sont formés à enseigner ce qu’on appelle, dans le jargon du milieu, « des modules de mouvement ».

Des formations coûteuses et intensives sur un week-end ou deux, faisant largement penser à des techniques empruntées au stakhanovisme soviétique. Les salles de fitness attirent la clientèle en se basant sur ces diplômes « bidon ». « Il s’agit de publicité mensongère », dénonce Thomas Nielsen. Les clients, eux, n’y voient que du feu et se fient en grande majorité à ce qu’on leur fait miroiter et à ce qu’on leur vend. « Je prends mon exemple personnel : rares sont les clients qui m’appellent pour se renseigner sur les compétences de mes employés. Si cela arrive, je leur présente volontiers mon diplôme, ainsi que ceux de mes collaborateurs », assure Thomas Nielsen.

Pour mieux comprendre le marché luxembourgeois, il faut savoir qu’il existe environ cinq sociétés d’entraîneurs et de coaches sportifs au Grand-Duché comme celle montée par Thomas Nielsen, Coach at Home. Parallèlement à ces entreprises qui sont enregistrées et disposent d’un numéro de TVA, les indépendants pullulent. « La majorité d’entre eux se retrouvent dans les salles de fitness », selon le président de l’ALECSPT.

Et selon nos informations, ils utiliseraient de sacrées techniques de marketing pour arriver à des fins très lucratives. En effet, certains d’entre eux racoleraient les clients afin de les entraîner en privé, en dehors de leurs heures de service. Les prestations seraient donc facturées sous le manteau et sous le nez de l’administration des Contributions directes […].

De notre journaliste Claude Damiani

L’intégralité de notre dossier de deux pages « Coaches sportifs » est à retrouver dans l’édition papier du Quotidien du mercredi 11 février.

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