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Du « coffee shop » au tribunal

La légalisation du cannabis récréatif est, à l’heure actuelle, sur toutes les lèvres. À la suite du lancement d’une pétition électronique allant dans ce sens et de l’intégration de cette revendication dans le programme électoral du parti de la majorité gouvernementale de déi gréng, le sujet fait les gros titres des médias du pays.

Cela dit, dans cet «engouement», une question centrale n’a pas été soulevée, à savoir celle de la compatibilité entre le fait de consommer du cannabis (plus ou moins) régulièrement et le fait de conduire, quotidiennement ou presque, son véhicule personnel voire un véhicule professionnel, pour les personnes concernées : les chauffeurs de bus, de poids lourd, de taxi, les ambulanciers… Cette liste de professions est loin d’être exhaustive, car on pourrait y ajouter les pilotes de ligne ou encore les conducteurs de train. En fait, toutes les personnes ayant, à leur charge, la responsabilité de transporter des personnes humaines (dont des enfants pour les chauffeurs de cars scolaires) d’un point A à un point B.

Or le code pénal interdit également, au même titre que la circulation sous influence de l’alcool (à partir d’un certain taux), la conduite sous influence de stupéfiants. Et comme le cannabis reste relativement longtemps détectable dans les cheveux (si tout dépend de la fréquence de consommation et du métabolisme du consommateur, il imprègne en tout cas bien plus durablement les cheveux que le sang ou les urines), le consommateur qui plaidera «j’ai juste fumé un joint il y a deux jours» risque d’être en infraction avec la loi, car les autorités disposent d’une arme redoutable contre les fumeurs d’herbe : il s’agit du test capillaire, qui doit obligatoirement être réalisé au Laboratoire national de santé (LNS), sur injonction du ministère en charge des Transports, et qui permet de cerner la consommation effective de drogues et ce, sur une période bien plus longue qu’un test salivaire (parfois sur des mois, selon les cas).

Mais une interdiction de conduire voire un retrait de permis en découleront automatiquement si le sujet est testé positif : les défenseurs de la légalisation y ont-ils pensé un seul instant ? Ou plaident-ils également pour une «tolérance» à la conduite en présence de THC dans le corps, ne fût-ce que minime ?

Claude Damiani

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