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Du bulldozer au rouleau compresseur

Il avait débarqué au volant d’un bulldozer pour exploser ce mur de briques en polystyrène symbole des entraves européennes, empêchant à l’époque la mise en œuvre du Brexit. C’était il y a tout juste deux ans.

Boris Johnson, ébouriffé et débraillé, jouait les gros bras après avoir remporté haut la main les législatives anticipées. Aujourd’hui, il risque bien d’être poussé vers la sortie avec fracas. Big Ben pourrait bientôt sonner le glas du Premier ministre conservateur, contesté jusque dans ses propres rangs. Sa crédibilité en a pris un coup mardi au Parlement, où il a ramé sec pour faire accepter de nouvelles mesures sanitaires.

La défaite des tories, jeudi, dans une élection locale du centre de l’Angleterre ajoute au supplice du sauveur des Brexiters auréolé jusqu’alors d’une popularité à toute épreuve. «La fête est finie», s’est targuée l’heureuse élue des libéraux-démocrates après sa victoire.

L’état de grâce aussi. BoJo a fini par perdre son mojo et surtout son autorité. Humilié de toute part. Sa majorité frondeuse comme l’opposition s’accordent même à dire qu’il est désormais «trop faible pour gouverner».

«En toute humilité, il me faut accepter ce verdict», a-t-il tenté après le camouflet de jeudi. Un revers qui finit d’achever une longue série de déconvenues. De la révélation d’événements festifs organisés à Downing Street l’hiver dernier, au moment où les Britanniques étaient, eux, soumis à de fortes restrictions voire confinés, jusqu’au tollé quand le Premier ministre a tenté de couvrir un député conservateur et ses lucratives activités de lobbyisme, en passant par la rénovation de son appartement de fonction à grands frais d’un soutien du parti.

Difficile de passer encore entre les gouttes, après une telle cascade de scandales. Et puis, il y a toujours le covid. Boris Johnson, évoquant il y a quelques jours «un raz-de-marée» de contaminations liées au variant Omicron dans un pays qui boit la tasse à chaque nouvelle vague, n’a jamais été aussi près de passer sous le rouleau compresseur.

Alexandra Parachini

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