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Du 7 janvier au 13 novembre

Le 7 janvier 2015, il y a tout juste un an, l’attentat contre Charlie Hebdo ébranlait la France. Les jours suivants, scotchés devant leur écran de télévision, les Français vivaient en direct la traque des frères Kouachi et l’attentat contre un magasin casher parisien. Mais le pire était à venir avec l’horreur du 13 novembre.

La réaction à ces événements tragiques aura été en tout cas bien différente dans l’Hexagone. Les attentats de janvier ont en effet suscité un élan collectif symbolisé par les manifestations historiques du 11 janvier qui ont vu plus de quatre millions de personnes descendre dans les rues, sous le slogan devenu mondialement célèbre «Je suis Charlie». Certes, l’unanimité n’était pas complète dans la population et la récupération politique n’a pas tardé à se mettre en branle. Mais il est indéniable que l’on a assisté à une forme de sursaut citoyen, au nom de la liberté d’expression et de la tolérance.

Rien de tel concernant les attentats du 13 novembre. À la peur et l’effroi n’ont succédé que la peine et la méfiance. En dehors de la solidarité avec les victimes, des nombreux hommages anonymes et institutionnels, il n’y a pas eu de mobilisation populaire comparable à celle qui a suivi les attentats de janvier.

Ce qui peut s’expliquer par la nature très différente de ces deux séquences. Les attaques de janvier témoignaient d’une certaine «logique» idéologique. Les cibles étaient claires : les journalistes critiquant l’islam, les juifs et les policiers. Il était donc presque naturel pour les citoyens d’afficher leur attachement à la liberté d’expression et à la tolérance.

Avec les attentats du 13 novembre, il n’y a plus de «logique», le but étant de faire un maximum de victimes sans aucune «sélection», tout le monde devient une cible potentielle. L’objectif des fous de Dieu de l’État islamique était de «jeter la crainte dans le cœur des croisés dans leur propre terre», selon le communiqué de revendication de l’organisation terroriste. Et malheureusement, ils ont réussi. Comme le dit l’adage, «la peur est mauvaise conseillère». Et la dérive sécuritaire actuelle en France, soutenue selon les sondages par une large majorité de citoyens, en est la meilleure preuve.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)

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