L’onde de choc produite par les attentats de Paris reste toujours palpable. Même si la vie a repris ses droits tant bien que mal, de nombreux citoyens mais aussi les responsables politiques restent troublés par les évènements. Malgré les mises en garde répétées, le piège des amalgames n’est jamais loin. Aussi difficile que cela puisse paraître, il nous faut dans cette période d’alerte essayer de prendre du recul afin de pouvoir faire la part des choses.
Au Luxembourg, cette semaine postattentats aura aussi été marquée par la suite du feuilleton autour de l’interdiction du port du voile intégral en public. Lancé il y a un an déjà par l’ADR, le CSV s’est approprié le dossier à la sortie de l’été. Aujourd’hui, la question sur la nécessité de légiférer dans ce dossier se transforme de plus en plus en épreuve de force pour la coalition au pouvoir. Mercredi, le Premier ministre, Xavier Bettel, s’est même vu obliger de calmer le jeu en annonçant qu’il voulait sonder le terrain en se concertant avec les différents partis du pays.
Le moment choisi par le président du LSAP, Claude Haagen, pour annoncer le soutien de son parti à une interdiction sur le plan national du port du voile intégral en public, est pour le moins malheureux. Plusieurs associations de jeunes n’ont pas hésité à fustiger dans un communiqué commun la mise en relation hasardeuse entre la crise des réfugiés, la question du voile intégral et la situation sécuritaire. Les Jeunesses socialistes ont elles aussi tenu à prendre leurs distances à l’égard de leurs aînés.
La question d’une interdiction du port du voile intégral en public mérite certainement d’être discutée, même si seulement une très infime partie de la population est concernée. S’acharner ces jours-ci sur le sujet ouvre la voie aux amalgames que la classe politique affirme vouloir éviter à tout prix. Se laisser pousser par les opposants politiques n’est certainement pas la bonne solution. Le CSV a pourtant remis une couche en déposant, hier, sa proposition de loi. Il reste à espérer qu’en fin de compte, chacun puisse continuer à se regarder droit dans les yeux.
David Marques (dmarques@lequotidien.lu)
Le voile intégral n’est certainement pas un bon moyen de se regarder droit dans les yeux, vous en conviendrez. Mais la question n’est pas vraiment là. La bonne question à se poser est de savoir si ces populations que nous accueillons généreusement sont prêtes ou pas à accepter les règles, lois et usages des états et peuples souverains qui les accueillent, que ce soit le Luxembourg ou les autres pays qui leur offrent une nouvelle chance ; cela en mettant leurs propres usages et pratiques en veilleuse pour montrer une vraie volonté d’intégration. L’argument des amalgames est facile et vraiment tarte à la crème par rapport aux circonstances et ces débats n’ont pas leur place. Nous faisons l’effort de les accueillir : à eux de montrer qu’ils en sont dignes et qu’ils sont capables de mettre de côté des pratiques d’un autre âge (où, notamment, la femme n’a pas sa place) pour se concentrer sur la vraie priorité : se donner un avenir et en donner un à leurs enfants.