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Dix ans, pas un jour de plus

Ce week-end, en France, l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a lancé son nouveau parti, Les Républicains, signe supplémentaire de sa volonté de reconquérir le pouvoir, dix ans après. À ses côtés, les fidèles Éric Woerth, Nathalie Kosciusko-Morizet et autres Laurent Wauquiez. Le changement dans la continuité, comme le veut l’expression consacrée.

En France, comme dans nombres de démocraties occidentales, il faut savoir s’habituer aux visages des représentants du peuple. Car lorsqu’ils apparaissent, ils occupent longtemps l’espace public, très longtemps, parfois trop longtemps.

Alors, pour offrir d’autres têtes à la représentation nationale, des lois sont mises en place, comme la limitation du cumul des mandats en France ou en Grande-Bretagne. Cela n’empêche pas les professionnels de la politique de jouer habilement des textes pour gouverner à distance, grâce à des adjoints obéissants, ou tout simplement d’alterner les postes de pouvoir.

Au Luxembourg, dimanche, les électeurs sont appelés à répondre à une question sur la limitation des mandats ministériels à dix ans. Afin d’empêcher certains de devenir des cadres gouvernementaux, indéboulonnables et incontournables.

Les opposants à cette réforme ont un argument bien affuté : le faible réservoir de têtes pensantes aptes à diriger. En obligeant les ministres à quitter leur siège au bout de dix ans, cette réforme permettrait pourtant de faire émerger de nouveaux noms, et peut-être, à certains, de se révéler d’habiles décideurs. Au risque de déplaire à ceux qui jouent des coudes pour rester assis sur leur confortable fauteuil de ministre, avec la rente à vie qu’ils croient avoir décrochée.

Le problème, c’est qu’en politique plus qu’ailleurs, on se sent rapidement indispensable, expert en tout et intouchable. Quand ce sentiment naît, il est souvent déjà trop tard. Alors, plutôt que de le laisser s’instaurer, autant désigner la ligne d’arrivée aux aspirants-ministres : dix ans, pas un jour de plus. Pour davantage de démocratie.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)

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