La déclaration du Premier ministre tenue devant la Chambre avait un double objectif : condamner les débordements survenus samedi en Ville et apaiser les tensions qui ne cessent plus de croître. La mission n’est qu’à moitié réussie.
La faute n’est cependant pas à imputer à Xavier Bettel, qui a trouvé des mots durs, mais appropriés. Ce sont bien des propos excessifs, tenus en amont et pendant la séance plénière d’hier, qui ont fait voler en éclats l’union nationale décrétée en début d’après-midi.
La Chambre compte sept partis. Six d’entre eux ont non seulement fustigé les actes de violence commis par une minorité, mais ils ont aussi dénoncé le comportement du député Roy Reding (ADR). Il a avancé comme excuse un état de «profond désespoir» pour expliquer sa minimisation du covid dans un tweet polémique.
Être opposé aux nouvelles restrictions sanitaires relève de son bon droit. Le plaidoyer de son parti pour un retour renforcé aux tests de dépistage afin d’éviter une surcharge des hôpitaux mérite également d’être débattu.
Mais trop rapidement, le ton est monté, hier, avec un Fernand Kartheiser qui, au nom du parti réformateur, a reproché au gouvernement de vouloir mettre en place un «État policier» et a accusé la presse de «mettre au pilori» tous ceux qui militent contre les mesures anticovid. Le fait que l’ADR ait clairement condamné les débordements de samedi est ainsi rapidement passé au second plan.
Pour autant, les autres partis ne sont pas blancs comme neige. La majorité a effectivement eu tendance à trop dénigrer les non-vaccinés. Dans l’opposition, le CSV et son député Laurent Mosar n’ont pas pu s’empêcher de poursuivre leur guéguerre avec le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox.
Plus étonnant est le fait que le DP ait envoyé au front Claude Lamberty pour remettre en question l’action de la police alors que la députée-maire de Luxembourg, Lydie Polfer – également sur le pied de guerre avec le ministre Kox et la police – est venue saluer la désescalade pratiquée samedi par les forces de l’ordre.
Cette même désescalade doit désormais marquer la communication autour de la crise sanitaire. Cela ne doit cependant pas empêcher la police d’agir avec plus de détermination contre les fauteurs de troubles.
David Marques