Accueil | Editoriaux | Des projets contre-nature

Des projets contre-nature

Le Premier ministre a évoqué dans son discours sur l’état de la Nation le fait que le «Luxembourg a connu ces dernières années une évolution démographique qui est quasiment unique au monde». Xavier Bettel a précisé que ces dix dernières années la population a augmenté de 20%. Tous les problèmes, notamment ceux liés à la mobilité, seraient la conséquence «d’une évolution du pays dont on n’a pas suffisamment tenu compte par le passé».

Dans ce contexte, on peut rappeler le spectre d’un pays de 700 000 habitants, qui a fait place aujourd’hui à la perspective du million d’habitants que le Grand-Duché devrait atteindre en 2050. En attendant, la barre des 600 000 habitants est déjà dépassée. Et le pays continue à ramer fortement pour tenter de combler un retard conséquent.

Le manque d’anticipation dont s’est rendue coupable la classe politique peut expliquer une impasse que l’ADR a même qualifiée mercredi de «cul-de-sac». Le réflexe «Nimby» de la population, qui revendique des améliorations sauf si elles sont réalisées dans son arrière-cour, est une autre explication.

Finalement, il ne faut pas oublier la lenteur des procédures de planification. La série de trois contournements routiers (Hesperange, Bascharage, Dippach) est une parfaite illustration de la torpeur qui accompagne tout projet d’envergure. À Hesperange et Alzingen, un contournement devrait être une réalité depuis très longtemps. Ce n’est qu’au bout de très longues années de planification que le ministre François Bausch (re)découvre aujourd’hui l’option d’un tunnel qui malgré son coût élevé pourrait accélérer les travaux et surtout épargner la zone naturelle à travers laquelle doit passer le contournement.

Un tunnel serait une solution tardive (et coûteuse) pour réaliser un projet routier qui a forcément un impact négatif sur l’environnement. Or chaque construction est en soi une atteinte à la nature. Il faut trouver des mécanismes de planification et de compensation plus efficaces pour résoudre l’embouteillage de projets bloqués au ministère des Travaux publics.

David Marques