En Allemagne et en Belgique, on compte encore les vies emportées dans les inondations. Au Luxembourg, on mesure et chiffre l’ampleur des dégâts. La Chine refait le bilan comme on cherche le sens du vent au doigt mouillé. Coincés sous leur dôme de chaleur, les Canadiens de Vancouver ont suffoqué des jours durant en attendant le trou d’air frais. Des forêts de Sibérie à celles de Californie, ici en Grèce, là en Turquie, les flammes libèrent aujourd’hui toute la rage de notre Terre à feu et à sang.
Cet été meurtrier, fait de larmes et de douleur, nous rappelle – si besoin en était – que le monde court inexorablement d’une catastrophe à l’autre. Des catastrophes plus si naturelles, tant l’empreinte humaine laisse des traces tenaces. Depuis le 29 juillet, nous avons mis la planète à sec en épuisant les ressources qu’elle est capable de produire sur toute une année. Encore cinq mois à vivre à crédit, sur le dos des plus pauvres et vulnérables. Le prix de la désinvolture finira par coûter cher. C’est qu’au fond, l’urgence climatique ne pèse pas bien lourd face aux enjeux économiques. Elle provoquera pourtant d’autres pandémies et crises majeures. Qu’importe, d’aucuns refuseront obstinément de regarder les choses en face et se cacheront derrière la fatalité. À palabrer sur la pluie et le beau temps, à empiler les records inutiles : le mois le plus chaud jamais enregistré, l’équivalent d’un an de précipitations en trois jours… En Allemagne, en Belgique et partout ailleurs, on comptera toujours nos morts, dans les larmes et la douleur. Jusqu’au moment où le sol se dérobera sous nos pieds et que le ciel nous tombera sur la tête pour de bon.
Nos espoirs ne sont malgré tout pas totalement déçus. Tandis que les milliardaires excentriques font leurs plans sur la comète, des citoyens plus ordinaires se mobilisent pour trouver des solutions concrètes. Pour agir ici et maintenant. Des hommes et des femmes qui ne s’avouent pas vaincus font condamner les États pour leur inaction coupable. Tempêtent contre ces gouvernements qui restent les bras croisés au lieu de se retrousser les manches. Gageons que ce noble combat finira par rembourser le prix de la désinvolture.
Alexandra Parachini