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Des arguments en or

Royaume-Uni, Hongrie, Autriche… et maintenant l’Italie : les europhobes accèdent au pouvoir en effrayant l’électorat avec l’immigration pour les uns, avec la peur du chômage, de la pauvreté et du déclassement pour les autres. Parfois avec les deux, imputant faussement la cause du déclin aux migrants. Mais au bout du compte, pour eux, l’UE est toujours fautive. Et il est un fait qu’en matière économique et sociale, Commission et Conseil européens leur fournissent des arguments en or avec un agenda libéral qui creuse chaque jour davantage les inégalités sur le continent.

À entendre et lire analystes et commentateurs qui dissèquent les raisons du vote transalpin, c’est l’avenir économique incertain qui a jeté les électeurs dans les bras des démagogues du M5S et de la Ligue d’extrême droite. La reprise boude des Italiens en revanche soumis aux sacrifices imposés par Bruxelles pour déficits excessifs. Dire qu’aujourd’hui l’UE symbolise davantage la défense d’intérêts particuliers que l’engagement en faveur de l’intérêt général est un poncif. Sauf pour les responsables politiques européens dont l’absence de réponse à la demande de justice sociale montre à quel point ils sont moralement corrompus par les idéologues du profit, si loin de ce que devrait être le rêve européen.

Quand il y a quelques jours, le ministre luxembourgeois des Finances, Pierre Gramegna, répétait le rejet par le Luxembourg du plan de l’UE pour mieux taxer les entreprises du numérique, c’est pour l’inégalité devant l’impôt qu’il plaide. Prétextant que ce plan provisoire plombera la compétitivité de l’UE, le Luxembourg exige maintenant un accord mondial sous l’égide de l’OCDE, après avoir exigé pendant des décennies des accords européens en matière fiscale !

Pour douteux qu’il puisse être sous certains de ses aspects, le plan de Bruxelles pour taxer les GAFA a le mérite d’envoyer un rare signal en faveur d’une redistribution équitable des richesses. Il est une chose de lancer des imprécations contre les Orban, Salvini et Le Pen comme le font les dirigeants luxembourgeois. Il en est une autre de mettre ces discours en cohérence avec l’action politique. Encore faut-il sincèrement le vouloir.

Fabien Grasser

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