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Défendez-les, Monsieur Valls !

Manuel Valls n’avait pas hésité à donner des leçons de choses à la toute-puissante Allemagne, en février dernier, lors d’une visite à Munich. Le Premier ministre français, dont l’arrogance et les certitudes détonnent parfois face aux hésitations de son président, n’a cessé, depuis, de chuter dans les sondages, pour atteindre jeudi dernier sa plus basse cote de popularité depuis son arrivée à Matignon, en avril 2014.

Avec 22  % d’opinions favorables parmi les personnes interrogées, il subit de plein fouet l’effet de la loi travail, qu’il défend bec et ongles face à une jeunesse dans la rue, face à ces nuits debout. Il paie aussi l’illisible politique de son gouvernement qui, à force de grands écarts, ne serait plus de gauche, selon Aurélie Filippetti, l’ancienne ministre de la Culture devenue frondeuse à la gauche du PS.

Ça tombe plutôt bien. Entre Xavier Bettel et Manuel Valls, les points de convergence devraient donner lieu à des discussions enjouées.

Sauf que le Premier ministre français est attendu sur un point, un seul, lors de sa visite à Luxembourg, ce jour  : l’optimisation fiscale. Un an après l’affaire LuxLeaks, une semaine après le début des Panama Papers, Manuel Valls ne saurait quitter le Grand-Duché sans toucher un mot sur le sujet. Il le sait, et a disposé du temps nécessaire pour nous épargner le silence gêné de François Hollande.

Aujourd’hui, Monsieur Valls, sachez qu’Antoine Deltour et un autre lanceur d’alerte de l’affaire LuxLeaks attendent votre soutien. Que le journaliste Édouard Perrin espère que vous prendrez position autrement que par le triste «je fais confiance à la justice luxembourgeoise» de François Hollande. Ils seront tous les trois jugés à partir du 26 avril. Mais vous le savez sans doute.

Face à Angela Merkel, vous n’avez pas hésité à dire ce que vous pensiez, au risque d’un incident diplomatique qui a connu son épilogue jeudi dernier à Metz. Face à Xavier Bettel, aurez-vous le courage de mettre à mal cette tranquille visite dans le tranquille Grand-Duché pour défendre ceux par qui le scandale est arrivé?

Christophe Chohin