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De la très mauvaise herbe

Ce lundi matin, une entreprise néerlandaise qui a demandé – avant même de daigner lever le petit doigt – le versement presque comptant des 150 000 euros qui lui seraient dus à l’issue de son boulot de la dernière chance, a commencé à dérouler des bandes de gazon au stade Josy-Barthel. Cela en dit long sur la situation critique dans laquelle, en ce début de semaine, se trouve le F91 et par extension tout le ballon rond luxembourgeois, menacé d’être mis à l’index du football continental la semaine même où il pourrait envisager un exploit formidable : se retrouver en capacité d’intégrer les 16e de finale de l’Europa League en cas de victoire jeudi soir contre l’APOEL Nicosie.

Aujourd’hui, l’un des pays les plus riches d’Europe se retrouve pris la main dans le sac, en flagrant délit de snobisme envers son sport numéro un. Suffit, finalement, de regarder l’état des pelouses un peu partout en Division nationale pour comprendre à quel point le sport de compétition n’est clairement la priorité de personne au Luxembourg.

Entendons-nous bien : depuis une quinzaine d’années, les communes dépensent certes des millions pour mettre les infrastructures au goût du jour et leurs clubs et les supporters seraient mal inspirés de se plaindre, mais il ne s’agit là que de confort, une notion bien plus prisée par le sport du Grand-Duché que celle d’effort. Car là, c’est sur le gazon qu’il faut tourner le regard et la situation, une fois passé la main courante, est dramatique. Bien (si l’on n’est pas trop regardant) installés, les spectateurs regardent leurs footeux patauger dans la gadoue. Cherchez l’erreur.

La FLF avait déjà subi une petite humiliation, la semaine dernière, pour la venue du Portugal. Mise sous tutelle d’un jardinier écossais imposé par l’UEFA pour assurer le match contre la Seleção sur une pelouse pourtant changée il y a deux ans, elle doit aujourd’hui prier pour que lui soit évité l’affront d’un forfait imposé dans quelques jours. Il y a peu de chances qu’on en arrive là, mais pour l’image d’un pays qui attend son grand stade depuis 20 ans, le mal est déjà fait.

Julien Mollereau