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Dans le dur

Syndicats, patronat et gouvernement ont longuement discuté, ont longuement échangé. Deux jours de négociations pour tenter de trouver un chemin commun afin de faire face à la nouvelle crise qui s’annonce. Le déclenchement de la guerre en Ukraine a une nouvelle fois chamboulé l’économie mondiale et nous touche directement.

La crise de l’énergie qui a débuté avec la sortie progressive de la crise du coronavirus s’est accélérée avec ce conflit qui a jeté sur les routes de l’exode des millions d’Européens. La dépendance de l’Union européenne au gaz et aux hydrocarbures russes a sauté aux yeux de tous.

En attendant une stratégie à long terme pour se libérer de ces contraintes, il fallait agir immédiatement pour soulager les ménages les plus touchés par ces hausses abruptes et sans avertissement des prix de l’énergie. Mais cette crise va durer. Longtemps.

Certains voient cette crise énergétique comme une «bonne» chose permettant d’accélérer la transition énergétique dans les entreprises, les ménages. Encore faut-il avoir les moyens de réaliser cette transition énergétique dans de bonnes conditions.

Le risque est de voir une nouvelle fracture apparaître dans le pays. Entre ceux qui peuvent assumer tranquillement le fait de s’acheter un véhicule hybride ou totalement électrique et les autres qui devront conserver leur moteur thermique, entre ceux qui pourront rénover leur logement pour le rendre moins énergivore ou bannir le gaz de leur domicile et les autres qui ne peuvent financièrement se lancer dans ce type de chantier. Une société, deux mondes.

La crise actuelle a mis en exergue notre dépendance aux énergies fossiles et cet électrochoc a été un bienfait. Mais notre gloutonnerie pour les énergies fossiles, désormais très coûteuses, va se poursuivre encore pour de nombreuses années.

Et c’est l’État qui va devoir accompagner toute la population vers une consommation plus vertueuse et, au-delà du temps, c’est surtout de l’argent qu’il va falloir investir.

Nous sommes tous aujourd’hui au milieu du gué. Et il va falloir avancer pour traverser la rivière sans laisser personne derrière. D’autant plus que l’eau monte… Les tripartites «énergie» vont devenir fréquentes.