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Culpabilité du petit Occidental

Le réveil sonne, il est l’heure de se lever et de se préparer. Quoi de mieux pour commencer une journée qu’un bon bol de chocolat chaud.

En remuant le lait, j’oublie assez vite que le cacao qu’il contient est peut-être le fruit du travail d’enfants en Côte d’Ivoire. Puis passage à la douche. J’enfile ensuite un t-shirt et un pull achetés dans une grande chaîne destinée aux classes moyennes. J’entraperçois «Made in Bangladesh» sur l’étiquette. Me reviennent en mémoire ces images de l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza de Dacca lors duquel plus de 1 000 ouvriers ont perdu la vie en 2013 en travaillant pour un salaire de misère dans des ateliers de confection.

Je balaie ces pensées d’un revers de main et je vais faire un tour sur mon smartphone. Cet écran tactile est tout de même une sacrée prouesse technologique. Bon, d’accord, les composants nécessaires à sa fabrication ainsi qu’à celle de sa batterie ont sans doute été extraits en République démocratique du Congo par des enfants et servent à financer des guerres civiles. Mais on n’arrête pas le progrès, n’est-ce pas ? Je me refuse également à penser que l’assemblage de mon téléphone se fait dans des usines en Asie du Sud-Est où, il y a encore quelques années de cela, des grillages étaient installés aux fenêtres pour empêcher les ouvriers de se suicider.

Mince, la batterie est déjà déchargée et a besoin d’électricité, peut-être d’origine nucléaire. Je me dis que les habitants du Niger n’ont pas vraiment l’air de profiter des gisements d’uranium que l’on utilise dans les centrales françaises.

Pas le temps d’ergoter, il est temps d’aller au travail. Je démarre ma voiture diesel et me rend compte qu’un passage à la pompe est indispensable. Allez, quelques euros pour l’industrie du pétrole, cette grande humaniste qui pollue la planète, corrompt les gouvernements et provoque des guerres. Soit, en tout cas, moins de 90 centimes le litre, c’est génial!

Parfois, même sans être un activiste politique, il est difficile de penser que le libre-échange sans entraves à l’échelle mondiale que nous proposent nos dirigeants est synonyme de progrès…

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)

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