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Cruelle « chaleur » sociale

Le ministère de la Santé, en collaboration avec la Croix-Rouge luxembourgeoise et la Copas (Fédération des prestataires du secteur des aides et soins), a dévoilé hier son plan canicule 2019. L’annonce intervient à point nommé, après un week-end de cagnard, et permettra certainement d’apporter un peu de réconfort et de sécurité à nos chers anciens, qui se retrouvent bien trop souvent en première ligne du fait de leur vulnérabilité.

Dans les cas les plus extrêmes, le plan canicule pourra également sauver des vies (en cas d’épisode de grande chaleur pendant l’été 2019) au sein de la population des personnes isolées âgées de 75 ans et plus, et qui ne bénéficient pas des avantages de l’assurance dépendance. Les terribles souvenirs de la canicule de 2003, qui aura entraîné plusieurs dizaines de milliers de décès à travers l’Europe (dont 15 000 à 20 000 en France et une cinquantaine au Luxembourg) sont encore bien présents dans toutes les mémoires; tellement présents, d’ailleurs, que chaque nouvel épisode de canicule fait en effet craindre pour les personnes du troisième âge. Le plan canicule 2019, qui prévoit «de s’inscrire ou de se faire inscrire pour bénéficier de visites de surveillance et d’aide à l’hydratation en cas de forte chaleur», s’avère donc assurément vital.

Cela étant, il interpelle également, de manière cruelle, au sujet de l’individualisme (voire de l’égoïsme) et du manque de communication qui gangrènent notre société moderne. L’isolement complet dans lequel se retrouvent certaines personnes âgées en est la parfaite illustration.

Car l’époque où les habitants d’un même immeuble – voire d’une même rue – se connaissaient, se saluaient dans la rue et avaient la bienveillance de prendre régulièrement des nouvelles de leurs voisins semble bel et bien révolu. Les personnes âgées qui n’ont plus aucun lien familial risquent donc bien de se retrouver vouées à elles-mêmes en cas d’épisode de grande chaleur durant cet été. La faute à ce «mal du siècle» qu’est la déshumanisation et l’aliénation des rapports sociaux.

Claude Damiani