Jean-Claude Juncker prépare sa retraite politique. Avant de quitter la présidence de la Commission européenne, l’ancien Premier ministre tient à défendre son «testament», comme l’ont écrit récemment nos confrères belges du Soir.
Dans la longue interview qu’il nous accorde dans notre édition de lundi, il tente de se montrer sous son meilleur jour. Jean-Claude Juncker répète à plusieurs reprises avoir été obligé de lutter contre vents et marées. En même temps, le président sortant de la Commission européenne met en avant son engagement sur le plan social, notamment dans le cadre de la crise grecque. Il affirme avoir été «d’accord sur l’essentiel des choses sociales» avec le Premier ministre Alexis Tsipras. «Cela intéressait peu les autres», ajoute le Luxembourgeois, fustigeant ainsi les gouvernements qui auraient eu pour seul objectif d’éjecter froidement la Grèce de la zone euro.
S’il a réussi à garder ses amis grecs dans la famille européenne, cela n’est pas le cas du Royaume-Uni. Jean-Claude Juncker se dit très agacé par le Brexit. «Je règle les conséquences de l’autopsie voulue», déplore-t-il. La (probable) sortie des Britanniques de l’UE restera un point noir de la présidence européenne de l’ancien Premier ministre luxembourgeois. La crise des migrants en est un autre, même si, dans ce dossier, les fautifs sont plutôt les chefs d’État et de gouvernement, incapables de s’entendre sur un système de répartition des réfugiés basé sur la solidarité.
En fin de compte, Jean-Claude Juncker risque cependant de rester dans les mémoires en raison des pratiques fiscales en cours lors de ses mandats nationaux au Grand-Duché. L’affaire des rescrits fiscaux (LuxLeaks) a éclaté au tout début de sa présidence européenne. Sur le fond, il dit ne pas avoir «mauvaise conscience». Sur la forme, Jean-Claude Juncker ne s’exprime pas. Il tient toutefois à souligner qu’il n’a jamais bloqué les tentatives d’harmonisation fiscale. Malheureusement, les résultats concrets ont fait défaut, ce qui vient entacher le solide bilan de l’homme politique direct et engagé que reste Jean-Claude Juncker.
David Marques