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Contrainte par corps

Le gouvernement a finalement perdu patience. La mise en place possible du Covid Check dans les entreprises va provoquer des vagues chez les salariés. Un vigile va-t-il vérifier à partir du 1er novembre l’état sanitaire des employés ou des fonctionnaires avant qu’ils ne pénètrent dans les bureaux ou sur leur lieu de travail? Ou est-ce un chef de service qui va s’y coller? Demandera-t-on également de tirer la langue pour voir si on ne couve pas une rhinopharyngite carabinée et contagieuse qui risque de rendre malades certain de nos collègues? D’accord, le covid n’est pas une maladie anodine, mais doit-on passer par la case Covid Check au boulot alors que les masques et le gel hydroalcoolique existent, tout comme la distanciation sociale? Sans compter la grande part des salariés déjà vaccinés!

Nous voici donc tous arrivés là où personne ne voulait aller. Le Covid Check va devenir un nouveau papier d’identité. Vous voulez aller au restaurant? Papier s’il vous plaît. Vous voulez aller au cinéma? Papier s’il vous plaît. Vous voulez aller travailler? Ce sera aussi peut-être papier s’il vous plaît! Deux catégories de personnes vont donc cohabiter au Grand-Duché, celles qui ont ce fameux sésame et les autres condamnées à se rendre régulièrement à des stations de tests PCR ou bien à se faire vacciner contre leur volonté. Oui, la tension va monter dans le pays et la marche blanche que nous avons connue vendredi en fin de journée à Luxembourg contre le Covid Check et cette vaccination obligatoire déguisée ne va pas être la dernière. Il est en effet facile de faire l’impasse sur des moments de plaisir au café, au restaurant ou dans une salle de spectacle. Mais peu de personnes désirent sacrifier leur emploi ou risquer d’être mal vues par leurs collègues, leur hiérarchie. Le tissu social avait déjà été bien déchiré durant la crise du coronavirus. Pas sûr qu’on le rapièce avec ce genre de mesure, même si c’est pour le bien de tous, même si c’est pour atteindre cette fichue barre des 80 % de vaccinés dans le pays (nous en sommes à environ 73 %). On dit que la fin justifie les moyens. Vraiment? En démocratie, cela risque de laisser des traces.

Laurent Duraisin

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