Un homme armé d’un fusil abat deux personnes, en pleine matinée, dans un quartier résidentiel à Niederkorn. «La vraie criminalité s’est fait remarquer. On se croirait au Far West», s’insurge Pascal Ricquier, le président du SNPGL, lundi soir, moins de 12 heures après le drame. Les mots sont durs pour décrire des faits qui ressemblent à un conflit de voisinage qui a dégénéré. Lourd de conséquences certes, mais l’auteur présumé n’est certainement pas issu du milieu criminel.
Ce comparatif un brin tendancieux n’a pas été le dernier établi lors de l’assemblée générale du syndicat de police. Prenons pour exemple le quartier Gare à Luxembourg. Une série de photos projetées est censée illustrer une situation hors de contrôle. On y aperçoit de la crasse et des individus suspects. S’agit-il de trafiquants, de toxicomanes ou de sans-abri? Peu importe, même si le président syndical met en avant le besoin de créer des structures sociales pour permettre aux toxicomanes et aux sans-abri de quitter la rue. Elles existent, mais en nombre insuffisant. Toutefois, le message central ne change pas : la police a besoin de lois plus sévères et de groupes d’interventions spéciaux pour nettoyer, en somme, le quartier.
Or la volonté d’agir du camp politique et judiciaire serait très faible. Le «Platzverweis», nouveau moyen policier pour débarquer des personnes entravant les entrées de bâtiments est moqué par les membres du SNPGL. Cet outil légal serait bien trop faible pour vraiment faire respecter l’ordre public. Au mieux, cette attitude et ces propos, dignes du populisme d’extrême droite, sont un signe du désarroi des policiers. Au bord du gouffre, ils sonnent l’alerte pour enfin être entendus par leurs supérieurs. La manière reste toutefois discutable.
Ce qui est incontestable, c’est que la société évolue. Le potentiel d’agressivité augmente. Les tensions sociales qui se profilent à l’horizon risquent d’amplifier ce phénomène. Rien n’indique toutefois que le Luxembourg va se transformer en far west ou zone de non-droit. Au moins, le recrutement massif met d’accord syndicat et direction. Pour le reste, il est dans l’intérêt de la sécurité du pays que les deux camps se rapprochent à nouveau, sans tapage inutile.