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CETA, la réconciliation ?

Deux acronymes ont fortement divisé en 2016 : TTIP et CETA. Ces huit lettres font référence aux accords de libre-échange que l’UE a négociés avec les États-Unis et le Canada. Alors que le TTIP est toujours au point mort, le CETA est une réalité depuis octobre 2016.

C’est dans la douleur que Bruxelles et Ottawa ont arraché cet accord bilatéral dit de «nouvelle génération». Malgré les explications et assurances fournies par le camp politique, les ONG et une large frange de la population européenne étaient vent debout contre le CETA.

En automne 2016, le LSAP a vacillé en raison de cet accord. Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, qui reste un des chefs de file du camp socialiste, a été obligé de venir défendre bec et ongles le CETA devant un congrès extraordinaire. «Le CETA n’a pas vocation à tirer les normes européennes vers le bas», avait-il martelé. «O. K., c’est un bon accord, mais pour les multinationales seulement!», rétorquait à l’époque Nico Wennmacher, leader de l’aile gauche du LSAP. Les syndicats, l’OGBL en tête, étaient eux aussi montés au front. «La rupture est entamée», écrivions-nous le 5 octobre 2016. Mais finalement, le LSAP a voté à une très large majorité en faveur du CETA.

Aujourd’hui, l’opposition a nettement diminué. En vigueur depuis septembre 2017, l’accord de libre-échange doit encore être ratifié par les 43 Parlements nationaux et régionaux de l’UE. Avec Yves Cruchten, il revient à un élu socialiste de mener à bien la ratification. Son discours se veut résolument optimiste : «En ces temps de repli sur soi, il serait important de donner un signal fort pour le multilatéralisme.» Les garde-fous seraient suffisants pour ne pas s’opposer au CETA.

Il reste toutefois encore des zones d’ombre que le Luxembourg veut aussi voir clarifiées avant d’accorder son feu vert définitif. Mais vu la faible mobilisation, notamment lors d’une manifestation à Luxembourg, samedi, le vote final risque de se faire dans l’indifférence générale.

David Marques