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Ce rutilant objet du désir

Prêt à faire 500 ou 600 mètres à pied pour aller acheter son pain ? À cette question plus d’un tiers des habitants du pays répondent : «Non merci, jamais sans ma voiture !»

Jeudi, François Bausch a rappelé aux députés que 36% des résidents prennent leur voiture quand ils effectuent un trajet inférieur à un kilomètre. Cette accoutumance est nuisible pour l’environnement et nous prive d’exercice physique. Surtout, elle gonfle inutilement les bouchons qui mettent à si rude épreuve nos nerfs d’automobiliste.

Jeudi, les députés débattaient de la «mobilité à l’horizon 2035». Un grand nombre d’intervenants a élevé au rang de solution miracle ces petites astuces pour sauver le pays de l’asphyxie promise. Sans trop convaincre. À la décharge du ministre du Développement durable, François Bausch a reconnu entre les lignes que faute d’anticiper, les responsables politiques en sont depuis des années réduits à courir après un problème qui s’aggrave. Le ministre écolo en a appelé à la responsabilité de l’État, des communes et des citoyens automobilistes, craignant qu’il soit difficile de désintoxiquer les Luxembourgeois du culte qu’ils vouent à leur voiture.

Plus qu’un moyen de transport et davantage peut-être que dans d’autres pays, la voiture est ici un objet de désir. Peu importe leurs revenus ou le besoin réel qu’ils en ont, pour nombre de résidents, posséder une voiture rutilante est la quintessence du paraître, ce que «l’industrie de l’envie» a de mieux à offrir pour affirmer son appartenance sociale ou du moins faire illusion.

Le problème de la mobilité ne se réduit pas à des défis techniques. Il est culturel et touche aux valeurs et au type de société dans lesquels on se reconnaît et que l’on désire. C’est en cela que le débat de jeudi était décevant. À de rares exceptions, il a cruellement manqué de vision politique et de projection à long terme. Il n’a que trop peu fait le lien avec un modèle économique qui érige la consommation en but ultime de l’existence. C’est à ces questions qu’il faut pourtant répondre en priorité.

Fabien Grasser

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