Gare au piège tendu par les stratèges des partis! L’annonce la plus concrète de la déclaration sur l’état de la Nation pourrait toutefois être tombée après le grand oral du Premier ministre. Contre toute attente, Gilles Baum, le chef de file du DP à la Chambre, a clamé «qu’il est tout à fait envisageable de reconduire» une nouvelle fois la coalition tricolore au pouvoir depuis fin 2013. «Au vu de la déclaration du Premier ministre et sur la base des échanges avec les collègues du LSAP et de déi gréng, je n’ai rien entendu qui pourrait s’y opposer», ajoute-t-il.
S’agit-il d’une fuite en avant du camp libéral, mis sous pression par ses partenaires de coalition, notamment dans le domaine fiscal ? «Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités aujourd’hui, et aussi demain», affirme Xavier Bettel.
Son discours sur l’état de la Nation était largement consacré à la transition écologique et énergétique. Une nécessité absolue au vu de l’urgence climatique. Mais aussi du baume au cœur pour déi gréng. Et les socialistes ? «Cette coalition possède toujours de grandes ambitions», glisse Yves Cruchten, le président de la fraction socialiste.
Dans le même temps, le Premier ministre lance que son gouvernement «n’a pas besoin de leçons sur la manière d’élaborer une politique fiscale juste». Une pique lancée en priorité contre les partis d’opposition, le CSV en tête. Mais Xavier Bettel a-t-il aussi visé Dan Kersch et le LSAP, qui soutiennent haut et fort qu’une grande réforme fiscale est indispensable ?
Par moments, la déclaration sur l’état de la Nation a eu les allures d’un programme électoral que libéraux, socialistes et verts veulent ensemble mettre en musique lors de la prochaine législature. Bon nombre des annonces faites hier n’ont aucune chance d’être mises en œuvre dans les douze mois qui restent avant le prochain scrutin. Il suffit de penser à l’accélération du virage énergétique ou au logement.
Avant de mettre le cap sur 2028, les partis formant la coalition sortante ne doivent cependant pas perdre de vue un enjeu clé. L’électeur sera celui qui décidera à qui confier les clés du pays. En l’absence d’une réponse rapide, solide et équitable aux multiples craintes qui se posent, tout stratagème électoral volera en éclats.