En ce mois consacré en Europe au ballon rond et à tous les excès qui entourent la compétition, c’est le visage d’un jeune nageur qui a été placardé dans tous les médias américains cette semaine. Celui de Brock Turner, un étudiant du célèbre campus de Stanford, qui a été jugé pour avoir agressé sexuellement une jeune femme. La peine pour le moins légère de six mois de prison qui lui a été infligée a provoqué un raz-de-marée d’indignations comme les réseaux sociaux savent le faire. Mais rappelons les faits : Brock Turner a été jugé coupable d’avoir agressé sexuellement sa victime derrière une benne à ordures, alors qu’elle était inconsciente.
Alors que les faits étaient assez graves pour que la peine soit exemplaire, le juge a estimé que la vie et la carrière de Brock Turner étaient assez gâchées comme cela : le pauvre était un champion de natation voué à un brillant avenir. Quel dommage! Le père de Brock en a rajouté une couche dans une lettre en disant que «20 minutes d’action» allaient ruiner la vie de son fils. Cela doit donc être une circonstance atténuante. Si l’agresseur a un avenir radieux devant lui, finalement, la victime n’est pas très importante dans l’histoire. Et puis, d’ailleurs, la victime en question a dû faire preuve d’un courage inouï pour faire face aux questions insistantes des policiers afin qu’un rapport détaillé soit rédigé et pour revivre son agression par le détail lors de son procès, sous les accusations des avocats du riche jeune homme qui ont cherché à la déstabiliser tout du long.
La légèreté de la peine est non seulement une claque pour la victime, mais c’est aussi un signal fort pour les étudiants sur les campus américain. On ne risque finalement pas tant que ça si l’on abuse d’une femme inconsciente. Et si l’on est un sportif de talent ou quelqu’un d’important, le crime est de fait amoindri. Pas rassurant pour ces jeunes femmes qui n’ont pas le droit à l’erreur dès qu’elles mettent un pied sur le campus. Pourtant, ce n’est pas l’alcool qui a abusé la victime de Brock Turner, c’est Brock Turner. Arrêtons de chercher des excuses et des circonstances, ce sont les agresseurs le problème, et seulement eux.
Audrey Somnard