C’est difficile d’esquiver les coups d’un ennemi invisible. Surtout quand les frappes sont tout aussi invisibles. Il est ici question de ces cyberattaques qui prennent systématiquement de court nos sociétés ultraconnectées. Ces intrusions répétées dans nos vies rappellent constamment la fragilité collective face à un phénomène qui nous dépasse largement.
En début de semaine, une vingtaine d’établissements scolaires lorrains ont été plongés dans le chaos après un piratage de leur système ENT. Cet environnement numérique de travail, qui déshumanise les relations entre les enseignants et leurs élèves. Toutes les bases de données sont ainsi vulnérables : celles des hôpitaux, des administrations, des banques, entre autres services indispensables à chacun. Les plus mal intentionnés y pénètrent par des portes dérobées, à la faveur d’une faille de sécurité. À chaque fois, des quantités folles de données personnelles s’envolent pour tomber entre de mauvaises mains.
La semaine passée, ce sont les sites étatiques luxembourgeois qui ont été paralysés des heures durant. Une attaque dite par «déni de service distribué» qui consiste à surcharger les serveurs pour les rendre inopérants. Invoquant une discrétion commandée par le caractère sensible de l’affaire, le gouvernement dit suivre «de façon rapprochée les technologies émergentes» pour parer à tout risque futur. Tout en se targuant de déjà disposer de «protections de pointe» et de «solutions de filtrage». Lesquelles n’ont donc en rien empêché l’infiltration. Des explications bancales qui sonnent davantage comme un aveu d’impuissance. L’exemple montre qu’à l’évidence, aucun État n’est en capacité de contrer un adversaire qui aura toujours un coup d’avance.
C’est d’autant plus inquiétant que l’on n’a pas d’autre alternative que de s’en remettre à toutes ces plateformes. Puisque nombre de démarches quotidiennes se font exclusivement en ligne, tandis que l’accessibilité pose déjà un frein dans cette dématérialisation à marche forcée. La menace fantôme devient existentielle et plane à chaque interaction avec ces intelligences artificielles qui se jouent bien de la naïveté des hommes. Pour mieux les aveugler face à l’ennemi invisible.
Alexandra Parachini