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Autosabotage

Le Luxembourg a un incroyable talent pour bâcler des grands projets d’infrastructure. Dernier exemple en date : le Südspidol, qui, en raison d’un différend majeur avec la société chargée de la planification du projet sera achevé au mieux à l’horizon de 2030, soit 20 ans après le lancement de l’idée et 12 ans après le vote de la loi de financement. Certes, dans ce cas spécifique, la faute n’est pas à imputer aux seuls responsables du Centre hospitalier Émile-Mayrisch (lire en page 7), mais il s’agit tout de même d’un épisode de plus dans la saga des mésaventures du Grand-Duché dans la planification et la réalisation d’entreprises d’envergure.

Jetons un coup d’œil dans le rétroviseur. La construction de la Route du Nord est validée en juillet 1997. Il a fallu attendre plus de 18 ans, jusqu’en septembre 2015, pour voir les premiers véhicules rouler sur l’entièreté des 31,5 km du tronçon autoroutier. L’idée de faire revenir le tram à Luxembourg surgit une première fois à la fin des années quatre-vingt. Un premier projet se concrétise en 1995 (BTB) avant d’échouer en 1999. L’alternative d’un train-tram est enterrée au milieu des années 2000. En 2006, on décide de se contenter du tramway. La crise financière de 2009 retarde le projet. Ce n’est que sur la fin – vote du budget en juillet 2014, inauguration en décembre 2017 – que le projet s’accélère.

Le Stade de Luxembourg, inauguré cette semaine, mérite aussi de figurer dans cette liste affligeante. Lançons la chronologie en juillet 2011 avec la présentation d’un complexe sportif et commercial à Livange. Des soupçons de copinage ont fini par couler ce projet. En septembre 2013 est enfin prise la décision de construire un tout nouveau stade national. Plusieurs années de procédures plus tard, le chantier débute enfin en mars 2017 pour s’achever quatre ans plus tard, soit deux de plus qu’initialement planifiés. L’explosion des coûts (76,7 millions d’euros contre 35 millions d’euros au départ) ne permet en rien de redorer le blason des maîtres d’ouvrage.

Sachant que d’autres projets titanesques sont dans les tuyaux pour rattraper l’énorme retard en termes d’infrastructures, il est urgent d’annihiler cette tendance à l’autosabotage.

David Marques

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