Le jour J est arrivé pour Frank Engel. À partir de ce matin, l’ancien président du CSV va se retrouver devant les juges pour raconter sa version des faits qui l’ont forcé à quitter son parti. À la base du procès se trouve un contrat de travail conclu entre le chef du CSV et le CSV Frëndeskrees, une ASBL gérant les biens immobiliers du Parti chrétien-social.
La mission donnée à Frank Engel consistait notamment en la modernisation et la transformation de cette ASBL en fondation. Il a admis son échec et annoncé avoir remboursé, comme prévu, les 40 000 euros touchés entre juin et décembre 2020.
Il aura fallu attendre des révélations de nos confrères de reporter.lu pour que le grand public – et apparemment aussi une large frange des élus du CSV – prenne connaissance de ce nébuleux contrat de travail. Frank Engel finira par avouer qu’il a commis une erreur en passant sa mission sous silence.
Il est toutefois difficile de croire qu’aucun ténor du parti n’ait eu vent de ce document. Le désintérêt pour la gestion financière du parti ou le fossé béant qui s’était creusé au fil des mois entre Frank Engel, élu en janvier 2019, et la fraction parlementaire, pourraient être des éléments visant à expliquer ce manque de connaissance aux allures de négligence.
La chronologie des faits interpelle. Une dizaine de jours après l’annonce de Frank Engel de se représenter à la tête du parti, plusieurs députés se décident à dénoncer leur propre président au parquet. Du jamais vu dans l’histoire politique du pays.
Si l’occasion de se «débarrasser» d’un président mal-aimé était trop belle, les initiateurs de la révolte n’auraient probablement pas pensé que six autres membres du parti, dont deux jeunes espoirs, allaient être inculpés à leur tour. En cas de condamnation, l’affaire Engel pourrait se transformer en autosabotage et réduire à néant le relance du CSV sous l’égide de Claude Wiseler.
Au-delà de cette histoire rocambolesque, un débat plus général sur le financement des partis doit être lancé. Le CSV n’est en effet pas le seul à avoir créé une ASBL pour gérer ses biens immobiliers. L’impossibilité pour un parti d’agir comme personnalité juridique se trouve à la base de ces constructions. Il est urgent d’agir.
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David Marques
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