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Auto : un règne sans partage

« On peut se débarrasser des bouchons demain si on a trois personnes dans chaque voiture », jurait Christophe Reuter, du ministère du Développement durable et des Infrastructures, lors d’un récent débat sur la mobilité. Sur le fond, on ne peut que lui donner raison: divisons par trois le nombre d’automobilistes grâce au covoiturage et nos routes connaîtront toute l’année une fréquentation digne d’un mois d’août.

Mais sur la forme… Bonne chance. Car ce doux rêve d’un pays converti au covoiturage– l’un des thèmes de cette campagne législative 2018 –va vite se heurter à la dure réalité. À commencer par celle des premiers visés: les frontaliers. Ces Français, Belges et Allemands ont beau avoir acquis une souplesse digne du Cirque de Pékin à force de manger du bouchon matin et soir, ils sont à la limite du claquage (de porte). Car oui, ils tiennent à ce qui leur reste de vie avant et après le travail. Or le covoiturage, c’est très bien lorsqu’on n’a pas d’enfant à déposer à la crèche, de courses à faire en 5minutes chrono avant la fermeture du supermarché ou encore de passage éclair dans une administration qui n’ouvre évidemment qu’aux heures de bureau. Bref, la voiture en trio, c’est beau, mais ce n’est pas très compatible avec ces fréquentes sorties de route.

Une autre réalité, c’est que l’homme moderne n’aime pas la marche arrière. Or, abandonner le confort de la voiture solo au profit du covoiturage ou de transports en commun serait, hélas!, considéré comme un recul pour beaucoup d’entre nous. Et ce n’est pas le Grand-Duché, où le taux d’équipement automobile par ménage est l’un des plus élevés au monde, qui dira le contraire!

Par contre, beaucoup espèrent un progrès qui règlerait bien des problèmes : le télétravail. Et pas seulement les 29 petits jours autorisés par an (la convention fiscale franco-luxembourgeoise de mars dernier), mais bien plus ! Et là, l’impact, ce ne serait plus trois personnes dans une voiture, mais trois personnes chez elles. Malheureusement, beaucoup de politiques comme de DRH sont encore terrorisés à l’idée de perdre de vue leurs frontaliers. Ils devraient pourtant leur lâcher un peu la bride. Car, après tout, ce sont eux qui font tourner la baraque !

Romain Van Dyck

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