Le plus grand parti d’opposition, le CSV, fort de ses 23 députés, avait invité les médias lundi en vue de tirer son bilan parlementaire, sans toutefois dévoiler son programme électoral, puisqu’il le fera le mercredi 18 juillet.
Force est de constater qu’à plusieurs reprises aussi bien le chef de la fraction parlementaire chrétienne-sociale, Claude Wiseler, que le président du parti des «Noirs», Marc Spautz, ont insisté sur le fait qu’ils étaient en train de finaliser ce fameux programme électoral que les partis de la majorité attendent forcément avec impatience, afin de se positionner sur celui-ci.
Dont le parti du Premier ministre, Xavier Bettel, le DP, qui a tenu son congrès électoral il y a deux jours de ça, et présenté les grandes lignes de son programme sans toutefois dévoiler le détail de ses quelque 120 pages. «Il sera en ligne avant les congés estivaux, afin que les électeurs puissent prendre le temps de l’analyser», ont indiqué les ténors libéraux, dimanche, depuis le Tramsschapp.
Dans ce contexte, où CSV et DP semblent lorgner les promesses électorales croustillantes des uns et des autres, afin de pouvoir rebondir et de riposter adéquatement, en proposant telle ou telle autre contre-proposition électorale, une question mérite d’être posée : les chrétiens-sociaux et les libéraux seraient-ils en train de jouer au jeu du chat et de la souris ?
Car la situation actuelle fait inévitablement penser à un genre de course contre la montre (la montre symbolisant, ici, le début des congés estivaux), au cours de laquelle chacun des deux partis tentera de tirer profit des annonces – ou des «non-annonces» – faites par son concurrent.
Lundi matin, le CSV s’est, par exemple, fait un malin plaisir de démonter et déconstruire toutes les critiques émises la veille par le DP à son encontre en fustigeant l’ «activisme» et la «politique guidée par un sentiment de panique», de même que la quasi-totalité des lois déposées et votées par la majorité parlementaire au cours de la législature, exception faite de certaines lois qui portent la griffe du CSV, car trouvant leurs origines dans la législature précédente. En clair, si le DP reproche au CSV d’avoir consciemment voulu bloquer tous ses projets de loi durant près de cinq ans, en usant de viles manœuvres, issues du registre de la pure politique politicienne, le CSV, de son côté, rejette ces accusations et promet depuis hier de lancer une campagne électorale «constructive», selon les termes de ses cadres.
En attendant, aucun de ces deux partis n’a de programme électoral bien défini et détaillé et si le CSV a assuré que le sien serait présenté le mercredi 18 juillet, pour le DP, aucune date n’a (consciemment ?) été fixée… car cette stratégie permettrait aux libéraux de s’adapter aux idées fraîchement dévoilées par le CSV, voire permettrait de les contrecarrer purement et simplement. Quoi qu’il en soit, la campagne électorale a d’ores et déjà débuté, de manière interposée du moins, par le biais de l’instrumentalisation des médias; c’est pas joli-joli tout ça, vis-à-vis des électeurs…
Claude Damiani