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Au bord de l’abîme

Depuis le début de la pandémie, toutes les restrictions anti-Covid ne poursuivent qu’un seul but : aplatir la courbe des infections afin d’éviter que le système de santé ne s’écroule. L’équation de base est aussi simple que cruelle. Un nombre élevé d’infections a comme corollaire un nombre élevé d’hospitalisations. Et comme le rappelle le Dr Romain Nati, le directeur général du Centre hospitalier de Luxembourg (CHL), le taux de mortalité lié à une infection au coronavirus avoisine 1 %. Par conséquent, sur les 506 personnes ayant contracté le Covid-19 vendredi, «cinq vont mourir d’ici quelques semaines».

Au vu des chiffres, il ne sert plus à rien de se voiler la face ou de classer le coronavirus dans la catégorie d’une «simple grippe». Comme le rapporte le Statec, on constate en cette sortie d’automne une surmortalité prononcée. Depuis la déclaration du premier décès lié au Covid-19, en date du 13 mars, et la fin du mois d’octobre, 2 739 décès ont été enregistrés au Luxembourg, ce qui correspond à quelque 180 décès supplémentaires par rapport aux années 2019 (2 565 décès) et 2018 (2 549 décès). «Ce nombre coïncide plus ou moins avec les 161 décès dus au Covid-19 pendant cette période», conclut le Statec. Pour rappel, la grippe provoque quelque 50 décès par saison.

Ce week-end, le Luxembourg a dépassé la barre des 400 décès liés au coronavirus. Et le pic est loin d’être atteint. La situation dans les hôpitaux, et plus particulièrement en soins intensifs, ne cesse de se dégrader. Toujours selon le Dr Nati, le CHL n’a encore jamais connu un tel nombre de patients intubés en même temps. Au début de la crise, il était précisé que le Luxembourg comptait 196 lits en soins intensifs. Mais vu la pénurie de personnel, le nombre réellement disponible tourne autour de 100 lits, patients non-Covid inclus. Lundi soir, 50 patients positifs au virus se trouvaient en réanimation. On est donc définitivement arrivés au bord de l’abîme.

Trop tardif ou pas, trop strict ou pas, trop peu cohérent ou pas. La prolongation du confinement partiel offre un ultime répit au pays. Si un durcissement des mesures doit suivre en janvier, la faute ne pourra pas seulement être rejetée sur le gouvernement. La société, visiblement trop égoïste, sera fautive dans son ensemble.

David Marques

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