Deux ministres sortantes se retrouvent désormais en première ligne pour faire opposition au nouveau gouvernement conservateur-libéral. Taina Bofferding (LSAP) et Sam Tanson (déi gréng) se disent toutes deux motivées à remplir pleinement ce rôle, sans aucune rancœur ou frustration de ne plus être au pouvoir. Leurs premières prises de parole viennent confirmer que leurs partis politiques, qui ont formé durant une décennie le gouvernement avec les libéraux de Xavier Bettel, ne comptent pas se lamenter ou tergiverser. Le contraire, a priori, de ce que le CSV a fait en 2013, après avoir été renvoyé sur les bancs de l’opposition par le trio DP-LSAP-déi gréng. Très (trop) longtemps, les élus chrétiens-sociaux ont eu du mal à accepter leur sort. La défaite électorale de 2018 a encore davantage plombé un parti qui, avant 2013, n’avait connu qu’une seule législature dans l’opposition (1974-1979). Est venu s’ajouter le fait que le CSV est sorti premier des urnes, tant en 2013 qu’en 2018, mais en subissant à chaque fois de lourdes pertes, ce qui a longtemps irrité les ténors du parti cher à Jean-Claude Juncker.
Aujourd’hui, le LSAP se retrouve dans une situation comparable. Crédité de 18,91 % des voix aux élections législatives, le camp socialiste a obtenu plus de suffrages que le DP (18,7 %), mais moins de sièges de député (11 élus socialistes, 14 libéraux), en raison d’un système électoral, en partie, archaïque. Au soir du 8 octobre, il était déjà acquis que le CSV allait opter pour le DP. Décevant pour le LSAP, mais pas une raison pour «entamer le travail d’opposition comme l’a fait le CSV, en 2013, en se montrant frustré et amer». Les propos sont signés par Taina Bofferding, la cheffe de la fraction socialiste.
La situation des verts est différente. La débâcle aux élections ne leur aurait pas permis de se maintenir au gouvernement, même si DP et LSAP avaient réussi à compenser les pertes vertes. Mais Sam Tanson regarde aussi vers l’avenir en clamant dans nos colonnes : «Je ne suis pas quelqu’un qui râle. Une autre majorité s’est formée après les législatives. Déi Gréng n’en font plus partie. C’est tout.» Les deux partis sont bien arrivés dans l’opposition et sont prêts à en découdre avec le CSV et le DP.