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Alors, c’est qui le loser ?

Le 30 avril 2011, les caméras montrent un Donald Trump pétrifié de colère. Car le milliardaire vient de se faire littéralement chier sur la tête par le roi des faucons. Barack Obama profite en effet du dîner des correspondants de la Maison-Blanche pour régler ses comptes avec Trump qui a tenté de le discréditer en mettant en doute son lieu de naissance.

Plutôt que de simplement clore la polémique en montrant son extrait de naissance, Obama «clashe» Trump devant toute la salle : «Maintenant il peut retourner s’occuper des vrais problèmes : le premier pas sur la Lune était-il faux? Que s’est-il vraiment passé à Roswell? Et où sont Biggie et Tupac?», raille-t-il, devant un public hilare.

Pour beaucoup, ce jour du 30 avril 2011 est celui qui décida Trump de se lancer dans la course présidentielle. Car Obama a craché sur le mauvais gars. Un gosse de riche devenu immensément riche, parce que son père lui a toujours appris qu’il n’existait que deux catégories de personnes, les tueurs et les losers. Croyez-bien que pour ce mégalomane congénital, les railleries publiques de l’homme le plus puissant du monde ont représenté la pire des humiliations. Alors il décida de leur montrer qui était le tueur. Avec le résultat que l’on sait.

Il est ironique de se dire que c’est le mépris d’Obama qui a donné le coup de cravache au cow-bow Trump. Hélas, si se payer la tête des populistes est tentant, cela revient à jeter de l’huile sur le feu. Car le populisme se nourrit du mépris de ce qu’il appelle les «bien-pensants», les «élites».
Plus les médias et les politiques mainstreams riaient de Trump, avec la suffisance de ceux qui se savent dans le bon camp, plus cela renforçait l’adhésion à la rhétorique antiestablishment des 59 489 637 Américains qui ont voté pour lui. Des sarcasmes d’autant plus contre-productifs que les adversaires de Trump étaient loin d’être irréprochables.

Chez nos voisins français, des politiques ont aussi craché pendant longtemps sur la flamme du populisme, sûrs que l’épouvantail Front national suffirait à garantir leur légitimité. Le parti d’extrême droite est désormais aux portes de l’Élysée. Partout dans le monde, la victoire des populistes est avant tout l’échec des démocrates.

Romain Van Dyck