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Abstention coupable

Il ne faut pas tirer trop vite sur l’ambulance. Mais le bilan intermédiaire arrêté le 15 mars de la campagne d’inscription des résidents non luxembourgeois aux élections européennes est décevant. Malgré les importants moyens engagés, à peine 356 citoyens se sont ajoutés sur les listes. Il existe néanmoins deux nouvelles plus réjouissantes. L’une est que ce léger apport fait augmenter le taux d’inscription des expatriés issus de l’UE à 15,5 %, soit 3,8 points de plus que les 11,7 % ayant participé au scrutin de 2019. L’autre est qu’un peu plus de quatre semaines séparent la mi-mars de la date butoir pour les inscriptions, fixée à lundi prochain, le 15 avril, à 17 h pile.

Somme toute, voir, sur les 175 400 citoyens éligibles, seulement près de 27 200 électeurs inscrits reste quand même alarmant. Le fait que la participation des résidents étrangers aux européennes est en progression constante depuis 1994 n’est qu’une faible consolation. Il en va de même pour l’autre circonstance atténuante. Les ressortissants de l’UE ont, en effet, le choix de voter soit dans leur pays d’accueil, soit dans leur pays d’origine. Il est cependant difficile de chiffrer combien préfèrent choisir «leurs» 81 eurodéputés français, 22 élus belges ou 21 mandataires portugais.

Au vu de l’enjeu crucial de ces élections européennes, il faut espérer un sursaut dans la dernière ligne droite. Mais la campagne d’inscription pour les élections communales de 2023 n’inspire pas trop confiance, en dépit d’un rebond dans les dernières semaines avant la clôture des listes. Car, finalement, le compteur était resté bloqué à moins de 20 % d’inscrits.

Le déficit démocratique continue à se creuser. Les électeurs luxembourgeois portent aussi une importante part de responsabilité. Aux législatives du 8 octobre, le taux de participation s’est limité à 80 % si l’on ne tient compte que des bulletins valables retrouvés dans l’urne. Cette abstention devient coupable, car elle ne profite qu’aux partis extrémistes, en priorité de droite, qui risquent de percer, avec comme seule ambition de détruire l’UE depuis l’intérieur. Un seul remède existe : allez voter, et en plus grand nombre qu’en 2019, où le taux de participation global était d’à peine 50,1 %…