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À quoi jouent les populistes?

Une mystérieuse vidéo sortie d’on ne sait où, un chef de parti et vice-chancelier promettant des faveurs économiques via des marchés publics, une femme expliquant qu’elle est membre d’une famille d’oligarque russe et qui est prête à donner de l’argent à cet homme politique pour cette aide précieuse, une villa à Ibiza, une ambiance de fin de soirée… voici les quelques ingrédients du film qui a plongé l’Autriche dans une crise politique profonde.

L’homme qui a fait ces propositions indécentes contre espèces sonnantes et trébuchantes n’est autre que le leader du parti d’extrême droite FPÖ, Heinz-Christian Strache. En 2017, l’homme a accepté une coalition avec les conservateurs autrichiens pour gérer le pays. Elle a évidemment volé en éclats hier à cause de ce film ibérique très mal cadré mais à la bande-son parfaite. À défaut de Palme d’or, Heinz-Christian Strache a démissionné de tous ses mandats samedi. Mais cela n’a pas été suffisant pour éteindre l’incendie qui a embrasé le monde politique autrichien. Et les flammes commencent à se répandre au-delà des frontières de cet État.

À quelques jours d’un scrutin européen très important pour les partis populistes du continent, les anciens soutiens européens de l’ex-patron du FPÖ le lâchent les uns après les autres. Marine Le Pen et Matteo Salvini étaient les très proches alliés d’Heinz-Christian Strache. Celui qui était au pouvoir en Autriche est maintenant devenu un ami bien encombrant.

L’affaire a même gâché la grande fête des nationalistes européens qui était organisée samedi à Milan par Salvini, le chef de la Ligue. Gâchera-t-elle les élections européennes pour les populistes? Les relations qu’entretiennent parfois ces partis avec certains intervenants extérieurs (prenons l’exemple de l’Américain Bannon pour le Rassemblement national en France) posent souvent question. Et les électeurs n’aiment pas le doute quand il s’agit de mettre un bulletin de vote dans l’urne. L’affaire très autrichienne a-t-elle terni l’image des populistes? Nous le verrons dans cinq jours.

Laurent Duraisin