Le quartier Gare de Luxembourg, bientôt une zone de non-droit? Cette image funeste est dressée avec insistance par la bourgmestre Lydie Polfer (DP), activement soutenue par son échevin Laurent Mosar (CSV). L’incident avec un chien de garde, survenu samedi, ne ferait que confirmer que les trafiquants de drogues sont en train de prendre le pouvoir.
Personne ne va nier que la criminalité liée aux stupéfiants existe et a tendance à s’aggraver. Il est aussi incontestable que ce phénomène touche plus particulièrement le quartier Gare. La compréhension pour le désarroi et le sentiment d’insécurité des habitants et des commerçants est également présente. Ce qui est par contre plus douteux est la communication du collège échevinal. Procès d’intention, non-respect des principes de l’État de droit, amalgames dangereux, manipulation de statistiques et même propos frôlant le racisme : la liste pour inciter le gouvernement à déployer de plus amples moyens pour sécuriser les rues de la capitale dépasse les bornes.
La politique de la loi et de l’ordre, prônée par le CSV et soutenue d’ailleurs par l’ADR, n’est qu’un élément qui peut expliquer cette communication tendancieuse. Le divorce sur le plan local entre le DP et déi gréng, partenaires de coalition à Luxembourg entre 2005 et 2017, semble aussi jouer un rôle dans la guerre de tranchées menée entre la bourgmestre libérale et les ministres verts de la Sécurité intérieure et de la Justice.
Lydie Polfer se défend en évoquant un «cri d’alarme». Le déploiement de patrouilles de sécurité privées serait une des conséquences de la non-action du gouvernement. La députée-maire admet toutefois que la mission des vigiles est de protéger les horodateurs. En même temps, ils sont appelés à «déranger» les dealers. Non seulement, le cadre légal régissant le gardiennage est ainsi enfreint, mais le collège échevinal doit aussi admettre que depuis le lancement des patrouilles, en décembre dernier, la situation sécuritaire n’a cessé de se détériorer.
À quoi bon donc tenir un discours aussi toxique tout en misant sur des actions symboliques? Comme évoqué mardi à ce même endroit, il faudra un front uni pour mieux combattre les problèmes du quartier Gare.
David Marques