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À moins d’un miracle

Rien ne va plus sur le front, après deux ans de combats acharnés. La messe sera bientôt dite, semble-t-il. L’état de grâce touche peu à peu à sa fin. Les héros fatigués, abandonnés à leur triste sort, seront priés de s’agenouiller religieusement devant la toute-puissance russe. À moins d’un miracle, Kiev devra rendre les armes d’une manière ou d’une autre. Non sans les avoir courageusement brandies, dans la douleur, au gré de l’arsenal qui peine aujourd’hui à passer les voies impénétrables des lignes de défense ennemies. Au bout d’une résistance insoupçonnée, au prix de tant de sacrifices humains. Une définition de la résilience, c’est sûr. Ils avaient toutes les raisons d’y croire, de bonne foi.

C’était sous-estimer la patience du commandant en chef de «l’opération militaire spéciale». Il aura bien fait d’attendre son heure, même tardive. Le temps lui donne fatalement raison. Ses troupes, dont on a aimé répéter qu’elles étaient désorganisées et mal dirigées, auront malgré tout réussi à faire le sale boulot de sape. En face, le moral est miné, comme près d’un quart de la nation occupée. Territoires perdus de l’ancienne Union soviétique déjà retombés sous le joug de Moscou. Poutine a certes concédé la bataille de l’opinion publique, à une époque si lointaine. Pas la guerre, brutale. Répudié des conciliabules internationaux, ce n’est pas ce qui tourmentera son âme impénitente. Une victoire par la force du mal se savoure autrement plus que l’orgueil diplomatique.

À qui la faute, qu’il faudra bien expier un jour ? Sans doute à l’Oncle Sam, soudainement converti à l’orthodoxie budgétaire à l’approche d’une échéance électorale cruciale, qui ne compte plus laisser le moindre dollar en offrande. À son grandiloquent neveu européen aussi, qui vit largement au-dessus de ses moyens. Et dépense son peu de crédit restant dans des querelles de chapelle. Peut-être aux cousins éloignés d’Asie et d’Afrique, saisissant l’occasion de faire rembourser leur dette aux arrogants pêcheurs occidentaux.

Les bons samaritains de ce monde lâchent leur prochain ukrainien, implorant qu’une bonté divine se manifeste. Au crépuscule de la défaite, les ténèbres commencent à éteindre les faibles lueurs d’espoir.

Alexandra Parachini

Un commentaire

  1. Honte à nous
    Nous le paierons, nous avons déjà l’expérience
    Nous l’avons vécu. Avec Hitler
    La aussi nous avons laissé faire
    Quel égoïsme