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Vers une finance luxembourgeoise plus verte ?


Malgré l'accord de Paris en 2015, les banques ont continué d'investir massivement dans les énergies fossiles. (illustration Anne Lommel)

Après avoir dévoilé sa stratégie pour développer l’économie circulaire, le gouvernement a présenté mardi sa stratégie pour une finance durable pour le Luxembourg et sa place financière.

La lutte contre le changement climatique ne peut en effet se passer d’un changement en profondeur du système qui continue de financer (très) massivement les énergies climaticides. D’après le dernier rapport «Banking on Climate Change», publié en 2020 et établi par différentes organisations dont Rainforest Action Network et soutenu par plus de 250 organisations dans 45 pays, les banques ont accordé pas moins de 2 700 milliards de dollars de financements aux énergies fossiles après l’adoption de l’accord de Paris, en décembre 2015. Des financements qui n’ont cessé d’augmenter depuis.

« Une réduction d’au moins 55 % des émissions de CO2 d’ici 2030 au niveau de l’Union européenne, suivie d’une neutralité climatique mondiale d’ici 2050 au plus tard, pourrait limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. (…) L’atteinte de cet objectif est toujours possible, mais exige des transformations rapides et profondes dans tous les domaines, y compris un renforcement des absorptions par les puits de carbone pour compenser les émissions résiduelles », a déclaré la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Carole Dieschbourg, à l’occasion d’une visioconférence de presse.

Afin « d’intensifier l’action pour un avenir durable », le Luxembourg vient donc de se doter d’une entité, la Luxembourg Sustainable Finance Initiative (LSFI), un partenariat public-privé chargé de coordonner, sensibiliser, promouvoir et accompagner la transition du pays vers un financement durable. La LFSI devra traduire de manière concrète les objectifs qui préfiguraient dans la «Feuille de route du Luxembourg pour une finance durable», mise sur pied en 2018.

Et tout comme pour les mesures destinées à valoriser et développer l’économie circulaire, le gouvernement entend bien faire rayonner cette nouvelle finance au-delà de ses frontières, en faisant du pays «un centre d’excellence international de la finance durable». Un enjeu d’autant plus important au vu du contexte dans lequel ces dernières annonces ont été faites, au lendemain du scandale OpenLux.

« La finance va nous aider à sauver la planète »

« Le développement d’une taxonomie verte à partir des standards les plus récents permettra de déterminer ce qui est vert et ce qui ne l’est pas, car nous ne voulons pas de greenwashing [NDLR : ou écoblanchiment]», a promis le ministre des Finances, Pierre Gramegna, soulignant par ailleurs que « si elle reste très petite », la part actuelle de la finance durable du Luxembourg au sein de la finance globale « demeure toutefois très importante par rapport au reste du monde ».

Pour cela, la LSFI va s’appuyer sur trois modes d’action, en premier lieu desquels, la sensibilisation à la finance durable. Une newsletter, un portail internet, des évènements et du matériel pédagogique seront mis en place pour promouvoir cette finance verte. « La LSFI vise à devenir le point d’information central pour la finance durable au Luxembourg en soutenant les parties concernées dans leurs efforts de transition vers plus de durabilité », a résumé Nicoletta Centofanti, de la LSFI.

Surtout, la LSFI a pour ambition de devenir une plateforme de partage et de développement des connaissances afin de « libérer le potentiel » des acteurs de la place financière, c’est-à-dire leur permettre d’adopter des pratiques durables mais aussi de développer des initiatives et des activités en ce sens. Elle sera en outre chargée d’établir un cadre de suivi, afin de mesurer les progrès du secteur financier dans sa transition.

« La finance va nous aider à sauver la planète. Sans la finance, nous ne pouvons pas accomplir cette mission », a déclaré Pierre Gramegna, prévenant toutefois que « nous [n’étions] qu’au début d’un marathon ».

Tatiana Salvan

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