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Un nouveau rosé signé Bernard-Massard


Ce Maceria est une cuvée limitée. Seules 5 000 bouteilles ont été produites en 2015. (photo Didier Sylvestre)

Il n’y a pas de raison que la folie du rosé ne touche pas aussi le Luxembourg. Peu à peu, la Moselle s’y met. Cette semaine, Bernard-Massard a sorti le sien : Maceria.

Les indépendants et les grandes maisons sortent les leurs, les uns après les autres. Le dernier-né des rosés mosellans est celui qu’a concocté Bernard-Massard et sa genèse a été rondement menée. Son instigateur est Antoine Clasen, le fils d’Hubert qui lui cèdera bientôt les rênes de la société. « Quand j’ai émis l’idée, l’année dernière, on m’a regardé un peu bizarrement, mais j’étais convaincu que cela allait marcher, estime-t-il avec enthousiasme. En tant qu’importateur, nous vendons beaucoup de rosés toute l’année, alors pourquoi pas du rosé luxembourgeois? »

Le voilà donc à arpenter le vignoble avant les dernières vendanges pour goûter les raisins qui correspondront au vin qu’il a en tête. « D’habitude, les rosés d’ici sont des 100 % pinot noir. Moi, je le voulais différent. Je souhaitais un rosé qui rappelle plus la Provence que la Moselle. »

À force d’essais, il décide de partir sur un assemblage de pinot noir et de pinot gris, agrémenté d’une petite partie de pinot blanc, « pour la fraîcheur ». « Nous avons aussi essayé avec des rieslings et du rivaner, mais ça ne me plaisait pas. »

Techniquement, le résultat a aussi été le fruit d’une belle réflexion. La couleur est obtenue en faisant macérer le pinot noir et le pinot gris (comme pour obtenir un gris de gris). La question s’est ensuite posée de faire une fermentation malolactique ou pas. « Avec la malo, on enlève cette acidité typiquement luxembourgeoise que l’on ne recherchait pas. » Va pour cette étape supplémentaire, donc. Le CO 2 a également été totalement effacé et avec ses deux grammes de sucre, le Maceria est sec.

C'est dans les rues du vieux Luxembourg que Bernard-Massard a présenté, mercredi soir, son dernier-né. Ce rosé qui porte le nom de Maceria est élaboré à partir de pinot noir et de pinot gris, avec une touche de pinot blanc. (photo Didier Sylvestre)

C’est dans les rues du vieux Luxembourg que Bernard-Massard a présenté, mercredi soir, son dernier-né. Ce rosé qui porte le nom de Maceria est élaboré à partir de pinot noir et de pinot gris, avec une touche de pinot blanc. (photo Didier Sylvestre)

« Je crois que nous avons trouvé l’assemblage que nous cherchions à la dixième tentative, sourit Antoine Clasen. Nous avions le vin, très bien, mais il restait à trouver le concept pour le vendre. » La première étape est de lui donner un nom et une identité graphique, ce qui est loin d’être évident. Il suffit d’observer bon nombres d’étiquettes douteuses dans les rayons des supermarchés pour s’en convaincre! « Un ami qui travaille dans une agence de marketing a proposé de trouver un nom latin, mais, au début, je n’étais pas convaincu. »

Aux origines de Grevenmacher

C’est à ce moment qu’on lui propose le mot Maceria, et il fait tilt. « D’abord, un nom latin, ça fait Sud, la région de prédilection du rosé. Cela fait aussi penser à la macération, l’étape qui lui donne la couleur. Et entre Maceria et Massard, il y a un rapprochement au niveau des sonorités. Mais surtout, Maceria signifie mur en latin (NDLR : le dictionnaire de référence, le Gaffiot, précise même un mur en pierres sèches) et c’était justement l’ancien nom de Grevenmacher. » Étymologiquement, le «Macher» de Grevenmacher découle d’ailleurs de Maceria. N’en jetez plus, la boucle est bouclée et le nom trouvé!

Il ne reste plus au Maceria qu’à rencontrer son public, ce qui semble déjà bien engagé. « Nous le vendons depuis une semaine et 1 500 bouteilles sont déjà parties. » C’est un score très honorable et l’assurance qu’il n’en restera plus bientôt, car la série est très limitée : 5 000 bouteilles en tout et pour tout. « Je voulais un vin haut de gamme et rare, confirme Antoine Clasen. Si le millésime ne s’y prête pas, nous ne le sortirons donc pas. Si cette année continue à être aussi difficile, il y a donc peu de chances de le revoir l’année prochaine. »

Bref, c’est un peu la démarche inverse que pour la Cuvée de l’Écusson, toujours là avec les mêmes caractéristiques, année après année. « C’est vrai, mais sans Cuvée de l’Écusson, nous ne pourrions pas faire ça », assène Antoine Clasen. Une démarche qui justifie également le prix assez élevé du Maceria : 12,50 euros la bouteille.

Erwan Nonet

Une couleur dans le vent

Si la consommation de vin dans le monde tend à se tasser, le rosé, lui, ne connaît pas la crise. Il poursuit même son développement spectaculaire. Selon FranceAgriMer (l’établissement national des produits de l’agriculture et de la mer français), la consommation mondiale de vins rosés a dépassé 9,5  % de la consommation mondiale des vins en 2014, un record. À l’échelle du globe, la consommation a atteint 22,3  millions d’hectolitres cette même année.

Selon la synthèse publiée par FranceAgriMer en mars dernier, «la part qu’occupe le vin rosé dans la consommation de vins en France est passée de 17  % en 2004 à 29  % en 2014». En Belgique, le ratio de rosé dans la consommation totale s’établit à 17  %, 12  % aux Pays-Bas ou 9  % en Allemagne. Au niveau mondial, la consommation de rosé a augmenté de 20  % en douze ans.

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