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Un australien révèle être l’inventeur du Bitcoin


Un café acceptant la monnaie numérique bitcoin à Dublin, le 23 février 2016. (Photo : AFP)

Après des années de spéculation et de mystère, le véritable créateur de la monnaie numérique bitcoin a choisi lundi de révéler son identité à la BBC, The Economist et le magazine GQ : il s’agit de l’entrepreneur australien Craig Wright.

«Ce sont les lots utilisés pour envoyer 10 bitcoins à Hal Finney en janvier (2009) lors de la première transaction en bitcoin», a déclaré Craig Wright pendant sa démonstration devant ces trois médias.

Il a ajouté que Hal Finney, un cryptographe réputé, était l’un des ingénieurs qui a contribué à créer le bitcoin. «Je suis celui qui en était principalement à l’origine mais d’autres m’ont aidé», a déclaré l’entrepreneur australien, installé à Sydney, qui a publié sur son blog () des informations permettant de vérifier qu’il est bien Satoshi Nakamoto, le pseudonyme associé au créateur de la monnaie numérique.

Lors d’une rencontre avec la BBC, Craig Steven Wright a signé numériquement des messages en utilisant des clés cryptographiques créées pendant les premiers jours du développement de cette monnaie numérique. Les médias traquaient depuis plusieurs années le ou les mystérieux informaticiens qui, derrière ce pseudonyme, ont conçu en 2009 le logiciel à l’origine du bitcoin.

« Je veux juste qu’on me laisse tranquille »

Jon Matonis, un économiste et l’un des directeurs de la fondation Bitcoin, s’est dit convaincu: «J’ai eu l’opportunité d’examiner les données selon trois critères: cryptographique, social et technique», a-t-il dit à la BBC. «J’ai la ferme conviction que Craig Wright remplit les trois catégories», a-t-il ajouté.

The Economist, qui se montrait plus sceptique que les deux autres médias sur le caractère irréfutable des preuves apportées par l’entrepreneur, dévoile quelques éléments de son curriculum vitae: l’Australien a ainsi été dans le passé vice-président du Centre for Strategic Cyberspace and Security Science, une ONG installée à Londres et dont le but affiché sur son site internet est «d’améliorer la sécurité et la prospérité du cyberespace mondial».

Il est titulaire, selon l’hebdomadaire économique, d’une série de Masters en statistiques, droit, informatique et management d’universités australiennes et britanniques, ainsi que de deux doctorats en sciences informatiques et théologie. Craig Wright a précisé s’être senti contraint de dévoiler son identité pour préserver ses proches qui sont poursuivis par des journalistes depuis que le magazine américain Wired et le blog Gizmodo ont avancé en décembre 2015 que l’entrepreneur australien était l’un des possibles créateurs du bitcoin.

«Cela ne m’affecte pas seulement moi ou mon travail, mais aussi ma famille, mes employés et tout le reste», a-t-il dit. «Je n’ai pas fait ça parce que je le voulais», a-t-il ajouté, «je ne veux vraiment pas être l’image publique de quoi que ce soit». «Je veux travailler, continuer de faire ce qui me plait. Je ne veux pas d’argent. Je ne veux pas de gloire. Je ne veux pas d’adoration. Je veux juste qu’on me laisse tranquille», a-t-il affirmé.

« Nakamoto » en référence à un philosophe japonais

L’Australien a expliqué à The Economist avoir choisi le pseudonyme de Nakamoto en référence à un philosophe japonais du 17e siècle, Tominaga Nakamoto, qui était très critique de la pensée normative de l’époque et défendait le libre échange. Il n’a en revanche pas expliqué à quoi faisait référence le prénom «Satoshi», préservant une part de mystère.

Zhenya Tsvetnenko, un entrepreneur qui a rencontré Craig Wright, avait déclaré à l’AFP en décembre dernier que c’était «un type très mystérieux» mais «ultra intelligent», jugeant crédible, à l’époque, qu’il soit le créateur du Bitcoin. Contrairement aux devises physiques telles que l’euro ou le dollar, les bitcoins ne sont régis par aucune banque centrale, mais générés par des milliers d’ordinateurs dans le monde (un processus baptisé «minage»).

Désormais utilisés par des milliers de sites web et même certaines boutiques «réelles», ils peuvent être échangés contre des services (payer la course d’un taxi par exemple), des marchandises ou même d’autres devises, du moment que l’autre partie à la transaction en accepte le principe. Instrument selon ses détracteurs de tous les trafics illégaux du fait de l’anonymat des paiements, le bitcoin est, dans sa forme actuelle, vulnérable au vol ou toute autre opération frauduleuse, et de nombreux pays songent à en encadrer l’usage.

Le Quotidien/AFP