La Première ministre britannique, Theresa May, est arrivée mercredi au Japon pour une visite à forte coloration économique, destinée à rassurer les entreprises sur le Brexit et à plaider pour un accord bilatéral de libre-échange.
Elle est arrivée en début d’après-midi à Osaka (ouest), avant de rejoindre son homologue japonais Shinzo Abe dans l’ancienne ville impériale de Kyoto pour une cérémonie de thé, suivie d’un dîner informel. Les discussions se poursuivront jeudi à Tokyo, avec en toile de fond les négociations entre les Britanniques et l’Union européenne (UE) sur les modalités du divorce des deux parties.
Les pourparlers patinent. Or le temps presse pour les 1.000 sociétés japonaises présentes au Royaume-Uni (dont le conglomérat industriel Hitachi et les groupes automobiles Toyota, Nissan et Honda) où elles emploient quelque 140.000 personnes. Elles utilisent souvent le royaume pour fournir leurs clients européens ou superviser leurs activités dans l’UE. «Nous allons demander transparence et visibilité pour minimiser l’impact sur nos entreprises», a expliqué un responsable japonais chargé des Affaires européennes.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a eu beau se vanter, à l’occasion d’une visite à Tokyo en juillet, du maintien des investissements japonais un an après le choc du Brexit, il n’a pas dissipé les inquiétudes de la «Japan Inc». Face à l’incertitude actuelle, plusieurs firmes nippones basées à Londres réfléchissent à d’autres options, en particulier les grands établissements bancaires que le Brexit pourrait priver des «passeports financiers» européens.
« Période de transition »
Les constructeurs d’automobiles, qui ne peuvent pas fermer leurs usines du jour au lendemain, ont pour l’heure maintenu leurs engagements, mais ils espèrent eux aussi des garanties solides du gouvernement britannique. Theresa May doit notamment rencontrer au cours de son séjour le président du conseil d’administration de Toyota, Takeshi Uchiyamada. «Le meilleur scénario pour nous serait que le Royaume-Uni décide d’annuler le Brexit», confie Ichiro Hara, à la tête du bureau des Affaires internationales au sein de la fédération patronale Keidanren.
«Mais si ce n’est pas une option, alors il nous faut une période de transition pour atténuer les conséquences négatives», a-t-il dit. La chef du gouvernement britannique, qui vient accompagnée d’une délégation d’entrepreneurs, devrait aussi aborder la question d’un éventuel traité commercial entre les deux pays, bien que des négociations concrètes ne puissent pas pour le moment être engagées.
Le Japon veut en premier lieu mettre la touche finale à un ambitieux pacte de libre-échange avec l’UE annoncé début juillet et surtout «il n’est pas possible d’entamer des discussions officielles tant que le Brexit n’est pas effectif», souligne Osamu Tanaka, économiste à l’institut de recherche Daiichi Life. «Il faut d’abord répondre à nos préoccupations actuelles avant de discuter de nos relations futures», confirme le responsable du Keidanren. En début de semaine, l’UE avait adressé aux Britanniques un message similaire, les appelant à négocier «sérieusement» les termes de leur divorce plutôt que d’imaginer de futurs accords commerciaux.
Au programme enfin de ce premier déplacement de Theresa May au Japon, la coopération des deux nations en matière de défense et de sécurité au moment même où les tensions s’exacerbent sur le dossier nord-coréen. La dirigeante britannique s’est dite mardi «scandalisée» par le tir de missile nord-coréen au-dessus de l’archipel nippon. «De notre point de vue, nous sommes prêts à continuer de travailler avec nos partenaires internationaux pour maintenir la pression sur la Corée du Nord», a-t-elle assuré. Sa visite s’achèvera vendredi par une rencontre avec l’empereur Akihito, dont l’abdication est attendue pour fin 2018 ou courant 2019.
Le Quotidien/AFP