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SwissLeaks : Hervé Falciani, l’homme par qui le scandale est arrivé


Hervé Falciani, ex-employé de HSBC, est à l’origine des révélations de SwissLeaks.

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L’informaticien Hervé Falciani est un ex-employé de HSBC. Il a livré des centaines de données aux médias. (Photo : AFP)

Lanceur d’alerte ou employé aux arrière-pensées purement vénales ? C’est la question que se posent nombre de familiers du dossier sur les motivations ayant poussé l’informaticien Hervé Falciani à dérober des fichiers de clients de HSBC Private Bank entre 2006 et 2008.

Âgé aujourd’hui de 42 ans, ce Franco-Italien né à Monaco était entré chez HSBC à Genève au printemps 2006 après avoir officié pour la même banque à Monaco. Sur les rives du Léman, il a pour mission de transférer les données des clients vers un nouveau système informatique, lui donnant accès aux fichiers non cryptés.

Il dit aujourd’hui avoir agi par idéal, dans la droite ligne des lanceurs d’alerte. « Les citoyens ont le droit de savoir ce qui se passe en matière de fraude fiscale, car voter sans savoir, c’est un droit tronqué », déclarait-il au Parisien en avril 2014, quelques semaines avant de se présenter aux européennes en Espagne sur une liste issue du mouvement des Indignés. Mais sa probité est contestée en raison d’un voyage qu’il a effectué au Liban avec sa compagne en février 2008. Il y aurait tenté de monnayer les listings auprès de banques établies à Beyrouth.

Informée de ce séjour, la police suisse l’interroge en décembre 2008 après l’ouverture d’une procédure pénale quelques mois plus tôt. Après cette audition, il profite des congés de fin d’année pour prendre la poudre d’escampette, direction la France. À partir de cette date, il ne tentera plus de vendre ses informations.

Le 26 décembre 2008, le fisc français est ainsi gratifié d’un cadeau de Noël inattendu lorsque Hervé Falciani lui transmet des CD comportant notamment les noms de 3 000 fraudeurs français. Madrid aussi va largement bénéficier de ces informations. Depuis son départ précipité de Genève, Hervé Falciani partage sa vie entre l’Hexagone et l’Espagne, deux pays où il est placé sous étroite protection policière en raison des menaces pesant sur sa vie. Son lieu de résidence est tenu hautement secret, tandis que pour les mêmes raisons de sécurité, il vit séparé de sa famille.

Pour sa part, Berne a lancé un mandat d’arrêt international à son encontre et Hervé Falciani est arrêté à Barcelone durant l’été 2012. Il est libéré après quelques mois de détention et en mai 2013, le justice espagnole refuse définitivement son extradition vers la Suisse.

Quant aux révélations SwissLeaks, il est peu probable qu’Hervé Falciani en soit à l’origine. Cela fait plusieurs années que les données qu’il a dérobées circulent entre les mains des administrations fiscales, policières et judiciaires d’une quarantaine de pays. Autant de sources possibles pour les journalistes.

Accusé par la justice helvétique d’espionnage économique, de soustraction de données, de violation du secret commercial et du secret bancaire, Hervé Falciani doit être jugé cette année par un tribunal pénal fédéral. Un procès auquel il n’assistera pas.

Aujourd’hui, celui qui dit étroitement collaborer étroitement avec la justice et le fisc français, dit ne plus désirer qu’une seule chose : changer d’identité, se fondre dans l’anonymat et mener une vie normale.

De notre rédacteur en chef Fabien Grasser


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