Le fleuron japonais de l’électronique grand public Sony a annoncé jeudi un confortable bénéfice net de 116 milliards de yens (860 millions d’euros) au terme du premier semestre de l’exercice 2015/16, mais il n’a prudemment pas relevé ses prévisions annuelles.
Le géant a traversé une mauvaise passe ces dernières années et était encore nettement dans le rouge à la même période de l’exercice passé (avec une perte de 109 milliards de yens) à cause d’une concurrence exacerbée sur divers produits audiovisuels.
Il se remet désormais au prix d’une importante restructuration et grâce aux solides ventes de sa filiale de jeux vidéo, tirées par la PlayStation 4, ainsi qu’à sa position de numéro un mondial des capteurs d’image Cmos qui équipent appareils photo, smartphones et tablettes.
Sony a annoncé mercredi qu’il allait racheter des lignes de production de ce type de semi-conducteurs à son compatriote Toshiba pour renforcer encore son assise dans ce domaine où il a décidé d’investir massivement. D’autres divisions (comme celle des mobiles) ont cependant parfois encore des difficultés. «Les ventes de smartphones ont fortement baissé», a reconnu Sony qui concentre sa gamme sur les modèles Xperia avancés.
«La situation est très variable en fonction des pays», a souligné le directeur financier de Sony, Kenichiro Yoshida, lors d’une conférence de présentation des résultats. Le groupe indique aussi que les ventes en volume des divisions des TV et équipements audio ont diminué, mais il se réjouit de la transition réussie vers le haut de gamme pour les appareils photo.
Durant les six mois passés en revue (avril à septembre 2015), Sony a dégagé un bénéfice d’exploitation de 184 milliards de yens (1,36 milliard d’euros) contre une perte de 16 milliards un an plus tôt, laquelle était principalement due à d’importantes charges de restructuration pour sa filiale de mobiles.
Prudence pour le 2e semestre
Le groupe a recouvré un peu de latitude sur le plan opérationnel, alors même que son chiffre d’affaires a décliné de 0,3% sur un an à 3.700,8 milliards de yens (27,4 milliards d’euros). Sony privilégie désormais la rentabilité et restreint volontairement son offre pour axer ses produits sur le haut de gamme où les marges sont plus faciles à conserver, les concurrents étant moins nombreux sur ce créneau.
Fort de ces résultats de bon augure, aidés par des gains de change, Sony a précisé qu’il tablait toujours sur un bénéfice net annuel de 140 milliards de yens, ce que les analystes pourraient trouver décevant puisque le groupe a réalisé en 6 mois les 4/5e du total escompté.
«Nous avons dans le passé à maintes reprises dû revoir négativement des prévisions et sommes donc désormais prudents», a expliqué le directeur financier. «Nous tenons compte des risques de change et des autres choses imprévisibles qui peuvent se produire durant le deuxième semestre», a ajouté un autre responsable de la comptabilité du groupe.
Sony table sur un gain d’exploitation plus que quadruplé sur un an à 320 milliards de yens pour un chiffre d’affaires qui devrait refluer de 3,8% à 7.900 milliards de yens. Le groupe fondé après guerre par Akio Morita avait terminé l’exercice passé (avril 2014 à mars 2015) sur une perte nette de 126 milliards de yens (près d’un milliard d’euros).
Kazuo Hirai, actuel PDG qui avait été l’homme-orchestre du redressement des jeux vidéo, a indiqué il y a plusieurs mois déjà que les grosses opérations de réorganisation étaient désormais passées et qu’il s’agissait maintenant de tonifier les activités les plus prometteuses.
AFP/M.R.