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Santé au Luxembourg : attirer la main d’oeuvre étrangère… jusqu’où ?


Le secteur de la santé vit grâce à la main d'oeuvre étrangère au Luxembourg. Ce qui n'est pas sans danger pour l'avenir (Photo d'illustration : AFP).

Dans une étude communiquée ce mardi au gouvernement luxembourgeois, deux paramètres apparaissent comme des menaces : une dépendance trop grande aux médecins étrangers et à la politique de santé des pays frontaliers.

Le système de santé est « obligé de recourir à des professionnels de la santé étrangers pour fonctionner », constate l’étude sur l’état des lieux des professions de la santé au Luxembourg. « Le pays n’est pas autonome avec sa seule production de ressources professionnelles médicales ou soignantes ».

Si les salaires devenaient plus forts à la frontière…

Avec un taux de 62 % de professionnels provenant de l’étranger, le pays a dépassé un « seuil critique le rendant extrêmement vulnérable et dépendant des décisions politiques et économiques des pays frontaliers en faveur des soignants. » L’étude explique plus loin et sans détour : «le recrutement est encore possible à l’étranger mais toute initiative en France, en Belgique ou en Allemagne qui viserait à rehausser les salaires des soignants engendrerait immédiatement une grave crise du système sanitaire luxembourgeois.»

Le nombre de médecins issus du Luxembourg formés à l’étranger ne « permet pas d’assurer le renouvellement naturel des générations de médecins », précise encore l’étude. De ce fait, le pourcentage de médecins étrangers s’accroit d’année en année.

Exaspération chez les voisins

L’étude pointe « les difficultés de recrutement de médecins et de certaines professions de santé avec un allongement du délai de recrutement, et un élargissement de la distance géographique pour rechercher des candidats potentiels. Ce phénomène risque d’être renforcé par les besoins émergents. »

Ce que ne relève pas l’étude à ce sujet, c’est que l’exaspération va grandissante en Lorraine et en Wallonie, où le secteur dénonce régulièrement un « pillage » de la main d’oeuvre, d’ailleurs formée au prix fort par les pays voisins (études longues).

Le Nord-Lorrain, qui peine déjà à attirer les professionnels de la santé, voit de plus en plus de professionnels aimantés par l’eldorado luxembourgeois. Une affaire a d’ailleurs fait beaucoup parler récemment, dans le secteur de Mont-Saint-Martin / Longwy : un Groupement médical du Pays-Haut devait émerger, avec un bâtiment financé sur fonds communaux. Le projet a finalement capoté pour différentes raisons, dont le paramètre financier d’une concurrence imbattable au Luxembourg.

Plus loin, jusqu’à Thionville et Metz, les échos sont les mêmes. La directrice du CHR Marie-Odile Saillard déplore régulièrement la difficulté de gérer une structure publique avec une double concurrence : celle des structures privées et celle du Luxembourg.

Hubert Gamelon