La compagnie aérienne à bas coût Ryanair s’est dite confiante dans ses perspectives après un bon premier semestre et malgré le coût financier pour l’heure modeste de la crise des annulations de vols.
Les comptes de la compagnie irlandaise, dévoilés mardi pour la période des six mois du 1er avril au 30 septembre, n’ont pas souffert des annulations de vols, dont les premières annonces sont intervenues mi-septembre, soit à la toute fin de la période.
Ryanair, première en Europe en nombre de passagers, avait alors annoncé à la surprise générale la suppression de 2.000 vols jusqu’à fin octobre. Puis fin septembre, la compagnie avait dévoilé une nouvelle série d’annulations concernant 18.000 vols entre novembre et mars 2018.
Cette crise lui a coûté 25 millions d’euros au premier semestre, un chiffre déjà connu et correspondant aux remboursements de clients. La facture devrait atteindre 50 millions d’euros au total au maximum, en ajoutant le coût des bons d’achat proposés aux passagers ayant vu leur vol supprimé.
Les suppressions avaient été expliquées par un problème dans le planning des vacances des pilotes et avaient donné un rude coup à la réputation de la compagnie, mettant en lumière un malaise des équipes navigantes face aux méthodes de management de la direction.
Ryanair a réagi en proposant plusieurs mesures de nature à améliorer les conditions de travail des pilotes, dont des hausses de salaires, ce qui devrait lui coûter 100 millions d’euros en année pleine.
Ce scandale n’a toutefois pas altéré les perspectives financières de Ryanair qui table toujours pour l’exercice 2017-2018 sur un bénéfice après impôt compris entre 1,4 et 1,45 milliard d’euros.
En revanche, les annulations vont peser sur le trafic du second semestre (octobre à mars) ce qui a contraint le groupe à revoir en baisse ses prévisions du nombre de passagers transportés sur l’exercice, à 129 millions, contre 131 millions précédemment, comme il l’avait déjà indiqué .
Ryanair pourra amortir l’impact de ce changement avec un recul des tarifs qu’il espère moins fort que prévu au second semestre, soit entre 4% et 6%, contre un repli entre 5% et 7% attendu précédemment.
Menace du Brexit
La compagnie reste au finale confiante après un premier semestre de bonne facture, durant lequel la société irlandaise a engrangé un bénéfice après impôt en hausse de 11% à 1,293 milliard d’euros.
Ryanair a vu son trafic augmenter de 11% sur la période à 72,1 millions de passagers, du fait de fêtes de Pâques favorables et grâce à une baisse des prix des billets de 5%, symbole de la vive concurrence entre compagnies en Europe.
Ryanair s’estime d’ailleurs bien placée pour bénéficier des difficultés de plusieurs concurrentes européennes, que ce soit la faillite de la britannique Monarch, ou encore les rachats des compagnies aériennes en difficultés Air Berlin et Alitalia.
La société irlandaise estime même que d’autres compagnies européennes, dont les finances sont sous pression, devraient connaître des déboires similaires.
Ses bénéfices ont par ailleurs été gonflés par une baisse de ses coûts, essentiellement due à des prix du pétrole plus abordables.
« Ces solides résultats du premier semestre renforcent le modèle de croissance à bas coût et paneuropéen de Ryanair, y compris pendant une période marquée par les problèmes de fonctionnement de nos plannings de pilotes début septembre », estime dans un communiqué Michael O’Leary, le directeur général.
Les investisseurs saluaient de leur côté cette publication, l’action s’envolant de 5,12% à 16,62 euros à la Bourse de Dublin vers 09H30 GMT.
« Les chiffres montrent peu de signes de faiblesse mais la période en question ne couvre que le début des problèmes rencontrés par Ryanair et des coûts supplémentaires pourraient intervenir », prévient Laith Khalaf, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Le groupe redoute par ailleurs toujours les effets du Brexit, effectif en mars 2019, en brandissant à nouveau le risque de sérieuses perturbations pour les vols entre le Royaume-Uni et l’UE en l’absence d’accord d’ici à septembre 2018.
Ces craintes contrastent avec le discours plus rassurant du directeur général du groupe aérien IAG, propriétaire notamment de British Airways. Willie Walsh a jugé peu crédible la menace de voir des avions cloués au sol en raison du Brexit, lors d’une audition devant le Parlement lundi.
Le Quotidien / AFP